dédié respectueusement à M. le
chef de bataillon R..., commandant le (120)ème chasseurs
Ils sont comm' ça des cents, des
mille,
Depuis Dixmud' jusqu'à Belfort ;
Des typ's d'attaque, des typ's
sans bile,
Hardis lurons narguant la mort.
Des "poilus" qu' tout
l' mon' les appelle,
Ce mot-là, c'est tout leur
bonheur;
Il fait battr' le coeur de leur
velle,
Tandis qu'ils s' battent eux,
pour l'honneur !
Ils vivent dans de grands trous
sous terre :
C'est leur façon de s'embusquer,
Mais avec eux le Ministère
Peut fair' de chics communiqués.
Ils ont si souvent la gueul'
noire
Qu'on les prendrait pour des
bougnats ;
C'est ainsi qu'ils écrivent
l'histoire
Dans leurs boyaux et leurs
cagnats.
En grands acteurs de la grand'
guerre,
Ils prennent des têtes à la
"Poulbot"
Quand ils bouffent leurs pomm's
de terre,
Assis par terre, comm' des
loupiots.
On en rencontre de tous les âges,
Des gas d' l'activ', des
vétérans,
Des engagés au fin visage
Qu'ont encor' le bec tout blanc
Les aristos, les gens d' famille,
Avec les purotins sans l' sou,
Sav'nt manger l' singe, faire la
manille,
Surveiller l' Boche, éviter l'
pou.
Ils sont comm' ça des cents, des
mille,
L'oeil collé contr' le parapet,
Jouant leur vie à face ou pile,
Quand la mitraille chant' son
couplet
Ils plaisantent dans la
fournaise,
Sous la flotte ou sous les
pruneaux,
Prêts à chanter la Marseillaise.
Quand arrive le moment d'
l'assaut,
Ils attendent maintenant
l'offensive
Qui, paraît-il, va s' déclancher
;
Ils préparent la fêt' décisive
Où l'on doit sérieusement s'
torcher.
Serrant bien fort leur
"Rosalie" (1)
Ils s'élanceront les yeux fous,
Avec ardeur, avec furie,
Sur tout les Boch's qui sont chez
nous !
Ils feront de grand's boutonnières
Dans la paillass' de ces bandits,
Prussiens, Saxons, vassaux,
d'Bavière
Seront fauchés comme des épis !
Et dans leurs villes
"Kolossales"
Nos Poilus grav'ront sur le mur :
"Nous avons bouffé les
Vandales
"Et les Vautours de la
Kultur !!"
(1) La Baïonnette
Clovis Grimbert(Le 120 Court, n° 1, du 20 juillet 1915)