L'Angélus de la Tranchée
Air : l'Angélus de la mer de G. Goublier
I
Là-bas, vers la tranchée, un rayon pâle glisse
Sur le sol menaçant
Peureusement le jour se lève sans délice,
Déjà rouge de sang.
Entendez-vous, quand la brise s'approche
Et viens rôder aux crêtes du coteau,
Chanter la voix d'une pieuse cloche,
Qui réveille au loin l'âme du hameau ?
Refrain
Soldats, c'est l'Angélus, c'est l'Angélus de France,
Qui monte haut dans le ciel bleu,
Qui monte haut, jusqu'à Dieu.
Artisans de la gloire, il chante l'espérance,
C'est l'Angélus.
II
Sous le midi brûlant, la bataille fait rage,
Et son fracas d'enfer
Crache, sur l'ennemi, l'irrésistible orage
D'une averse de fer.
Entendez-vous, dans la brise affolée,
Loin du canon qui ne l'a pas atteint,
Le vieux clocher qui chante à la volée
L'hymne que chanta l'écho du matin ?
Refrain
III
Le jour meurt, embrumé d'ombres sanguinolentes,
Qui flottent sur les monts,
Laissant gronder encor, par les cimes tremblantes,
La foudre des canons
Entendez-vous, dans la brise attristée,
La voix qu'on aime écouter chaque soir,
Avant que vienne, hélas ! la nuit hantée
De la mort furtive en son manteau noir ?
Refrain
Georges Letervanic(Le 120 Court, n° 11, 10 janvier 1916)
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