La Presse parle du site Mémorial Du Ternois
Un site Internet pour « sortir de l'anonymat » les Ternésiens morts pour la France en 14-18
PAR ALEXIS DEGROOTE
mardi 11.11.2008, 05:02 - La Voix du Nord
Cela fait plusieurs années que Paul-André Trollé et son père Didier travaillent sur le projet.
Le
11 novembre, à 11 h. C'est à cette date et à cette heure qu'en 1918, le
cessez-le-feu a été déclaré, après la signature de l'armistice en forêt
de Rethondes. Quatre-vingt-dix ans plus tard, c'est à la même date et à
la même heure que Didier et Paul-André Trollé vont mettre en ligne leur
site Internet « Mémorial du Ternois ». Ceci après un long travail de
recherches sur les soldats ternésiens morts pour la France lors de la
Première Guerre mondiale.
Ce site, cela fait plusieurs années
qu'ils y pensent, Didier et Paul-André Trollé. Pour les deux
Saint-Polois, l'aventure commence « il y a quatre ou cinq ans ». Le
père de Paul-André, Didier, comme de nombreux passionnés en France,
aide à enrichir la base de données de Genweb, le portail de la
généalogie en France, fait par et pour des généalogistes amateurs,
comme se définit le site. « Je prenais des photos des monuments aux
morts du secteur et je les envoyais pour que l'on connaisse les noms
des soldats tués durant la Première Guerre mondiale. » Un premier pas,
donc, pour rendre hommage aux héros de ce conflit. Mais un premier pas
au goût d'inachevé... « On avait certes les noms et les prénoms, mais
rien de plus, note Paul-André Trollé. On voulait aller plus loin. » Et
aller plus loin, c'est donner des dates et lieux de naissance, le
métier de ces soldats, les médailles qu'ils ont reçues, le nom de leurs
régiments, quelques anecdotes... Leur histoire, en fait. « En
retrouvant le parcours de ces soldats, on voulait les sortir de
l'anonymat. A l'époque, quand les monuments aux morts ont été érigés,
il a été décidé de ne mettre que le nom et le prénom par souci
d'égalité. On comprend cette démarche, mais ces soldats avaient une
vie, une histoire... » Une histoire que les jeunes générations
aimeraient peut-être bien connaître. « Toutes ces données, ça pourra
aussi servir aux généalogistes ou aux familles, qui ne connaissent pas
forcément ces soldats. » À partir des noms, Didier et Paul-André Trollé
ont donc creusé. Dans les archives, comme celles de « Mémoire des
hommes », site lancé par le ministère de la Défense. « On a aussi
consulté les registres d'état civil, le recensement, la presse de
l'époque. » Au final, le résultat est assez surprenant. Le site recense
en effet des milliers de fiches et données. « Le territoire couvert,
c'est celui de l'ancien arrondissement de Saint-Pol ». C'est-à-dire le
Ternois historique, qui comprend les cantons de Saint-Pol, Aubigny,
Auxi, Avesnes, Heuchin et Le Parcq. Sur ce territoire, le père et le
fils ont recensé près de 190 monuments aux morts et 2 942 morts pour la
France, dont onze femmes. « Durant les 52 mois de guerre, cela fait
presque deux morts pour la France, chaque jour, pour le Ternois... »
Statistiques, chiffres et destins...
Outre
les renseignements sur les Ternésiens tombés au champ d'honneur, le
site « Mémorial du Ternois » permet aussi de dégager quelques chiffres
et statistiques et évoque les destins de quelques soldats.
Premier
chiffre d'abord : celui du nombre de tués. Au total, le site recense 2
942 morts pour la France dans le Ternois dont 11 femmes.
Les
auteurs du site ont noté que parmi ces victimes, on trouvait 1 508
patronymes différents. Les plus usités étant Petit (33), Lefebvre (28),
Pruvost (28) et Leroy (21). L'année la plus meurtrière a été 1915, avec
797 morts, « mais en 1914, en cinq mois, on relève 491 tués », note
Paul-André Trollé. Concernant les professions des soldats, c'est sans
surprise que l'on retrouve un nombre important d'ouvriers agricoles.
Derrière suivent les ouvriers, mineurs, cultivateurs... Le premier mort
pour la France ternésien fut Émile Caron, de Valhuon, tombé le 9 août
1914 à Spincourt, à 21 ans.
Outre ces chiffres, le site «
Mémorial du Ternois » évoque aussi les destins de plusieurs soldats. A
l'image de Julien et Paul Dupuis, dont les noms figurent sur le
monument aux morts d'Humières. Des jumeaux, qui ont été appelés sous
les drapeaux à 19 ans, et qui ont été incorporés dans le même régiment,
le 33e d'infanterie. Des jumeaux héroïques, qui se distinguent par
plusieurs faits d'armes, et qui tombent sous les balles ennemies, le
même jour, en novembre 1917, lors de l'attaque du bois des Chaumes...
Autre destin, celui de Casimir Canel, dont le nom est gravé sur le
monument d'Avesnes-le-Comte. Un destin qui interroge Didier et
Paul-André Trollé. Soldat au sein de la compagnie du 18e régiment
d'infanterie, celui-ci fut fusillé le 12 juin 1917, au motif de «
participation comme instigateur à une révolte commise sous les armes en
réunion de plus de quatre ». Rappel des faits. Lors de la prise de
Craonne et du plateau de Californie, le 18e perd 40 % de ses effectifs.
Les soldats sont traumatisés, refusent de rejoindre le front le 27 mai
1917. C'est l'heure des mutineries, comme dans nombre de régiments.
Lors d'échauffourées, 12 soldats sont présentés devant le conseil de
guerre, en juin. Parmi eux, Casimir Canel. Cinq sont condamnés à mort.
L'un d'eux est gracié, un autre (Vincent Moulia) s'échappe. Dans leurs
recherches, Didier et Paul-André Trollé ont retrouvé une émission
d'Alain Decaux consacrée aux mutins de 1917, qui s'appuie sur cette
épisode. Selon l'historien, les inculpés auraient été désignés en
fonction de punitions antérieurs. Or pour Casimir Canel et un de ses
camarades, les relevés de casier judiciaire et de punition sont
vierges... « Ce qui nous intrigue aussi, c'est qu'à l'époque, les
fusillés n'étaient pas reconnus comme morts pour la France. Alors
pourquoi son nom est-il sur le monument ? » Les recherches des deux
passionnés d'histoire sont loin d'être terminées...
Article
"Un site Internet pour « sortir de l'anonymat » les Ternésiens morts
pour la France en 14-18", consultable sur le site de La Voix du Nord à
l'adresse suivante : ici
Article "Statistiques, chiffres et destins..." : ici
WEB : Mémorial du Ternois (62)
Article paru dans La Revue
Française de Généalogie n° 179 (décembre 2008-janvier 2009)Rubrique Cybergénéalogie : Lu, Vu, Entendu, par
Pierre-Valéry Archassal, avec la complicité de Jean-Yves Baxter
WEB : Mémorial du Ternois (62)
Paul-André
Trollé et son père Didier figurent parmi les contributeurs de
FranceGenWeb pour leurs photos des monuments aux morts. Ils viennent
d’ouvrir leur propre site dédié aux Morts pour la France des cantons de
Saint-Pol, Aubigny, Auxi, Avesnes, Heuchin et Le Parcq dans le
Pas-de-Calais. « Avec mes photos, on avait certes les noms et les
prénoms mais rien de plus », note Paul-André Trollé. Il s’est attelé
avec son père à retrouver les dates et lieux de naissance des Morts
pour la France, les métiers qu’ils exerçaient avant la guerre, les
médailles qu’ils ont reçues et les régiments où ils combattirent. Au
total, leurs investigations concernent près de 190 monuments aux morts
et 2942 Morts pour la France, dont onze femme. « Durant les cinquante
deux mois de guerre, cela fait presque deux morts chaque jour pour le
Ternois … » concluent ces généalogistes passionnés dans leur interview
à notre confrère La Voix du Nord.
Généalogie : Mémoire des hommes de 14-18
Article paru dans La Voix du Nord, du 14 décembre 2008, par Christophe DRUGY
"Pendant
les cinquante-deux mois qu'a duré la Grande Guerre, deux Ternésiens
sont morts ... chaque jour. 2942 morts pour la France (dont 11 femmes)
ont été recensés sur les monuments aux morts de l'ancien arrondissement
de Saint-Pol ... Cette liste, composée le plus souvent d'un nom et d'un
prénom, se devait, 90 ans après la fin du conflit, d'être complétée,
afin que le destin de ces anonymes ressurgisse du passé." C'est en ces
termes que s'expriment Didier et Paul-André Trolé - deux passionnés
d'histoire et de généalogie - à l'ouverture du Mémorial du Ternois
qu'ils consacrent à ceux qui sont tombés en 1914-18. Une belle
initiative, riche d'informations patronymiques et biographiques : de A
à Z, d'Alexandre Abel à Jacob Zorn, ce site internet met en effet en
ligne des données nominatives. L'un des décès cité nous renvoie à une
bataille tristement célèbre, sur la crête des Eparges "lieu de bois, de
collines et de ruisseaux dans la Meuse, près de Verdun. Les combats de
la guerre de 1914-18 y furent effroyables et vains : la ligne de front
ne bougea quasiment pas pendant quatre ans" souligne lui-même
l'écrivain Maurice Genevoix.
Outre les nombreuses publications -
de la Voix du Nord et de biens d'autres - issues de la période
commémorative dans laquelle nous nous trouvons, il faut encore signaler
la mise en ligne par le ministère de la Défense de multiples fiches et
images dans le cadre du portail "Mémoire des hommes".
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