BERLENCOURT

Le monument aux morts de BERLENCOURT

L’inauguration du monument aux morts de Berlencourt


Le dimanche 26 juin, le petit village de Berlencourt inaugurait solennellement le monument élevé à la mémoire de ses onze enfants morts pour la Patrie.

Cette cérémonie simple mais très touchante qui s’est déroulée dans un calme et un ordre parfaits a été digne de nos héros.

Dès la veille, tous les habitants de la commune s’étaient mis activement à l’œuvre pour donner à leur coquet village un air d’embellissement très agréable à l’œil.

Arcs de triomphe du meilleur goût ; guirlandes de verdure alliées aux banderoles tricolores frissonnaient au souffle léger du vent dans toute la longueur de la rue principale.

L’inauguration avait été précédée le matin d’une messe de Requiem chantée par M. le Curé de Magnicourt qui dessert la paroisse de Berlencourt.

Une assistance nombreuse et recueillie emplissait l’église.

La musique de Conchy-sur-Canche arrivée dès le matin, fit entendre quelques morceaux de musique pendant l’office.

M. le Curé prononça une allocution patriotique où il rendit hommage à la mémoire des soldats de la grande guerre et procéda ensuite à la bénédiction du monument.

Dès 3 heures de l’après-midi, se réunissaient à la Mairie, les autorités qui devaient présider la cérémonie ; M. Amédée Petit, vice-président du Conseil Général et M. Bouillet, conseiller d’arrondissement, qui avaient répondu avec empressement aux invitations de la municipalité.

A la Mairie, avant le départ du cortège, M. Petit remit un drapeau à la Société des Anciens Combattants de Berlencourt récemment constituée.

Pendant cet intervalle le cortège se forma et bientôt se met en marche dans un ordre parfait.

En tête le drapeau puis un groupe de trois jeunes filles costumées avec un goût remarquable, symbolisant respectivement la France accompagnée de ses filles retrouvées : l’Alsace et la Lorraine.

Puis s’avancent les enfants de l’école chargés de magnifiques gerbes de fleurs et de couronnes ; la section des anciens combattants de la commune et celle de Magnicourt. Viennent ensuite, les autorités, le conseil municipal, puis la foule.

Le long du cortège, d’affables quêteuses vendent des insignes aux assistants.

Soudain, au tournant de la rue, le superbe monument apparaît ; le soleil, jouant sur le marbre, semble lui faire une auréole de gloire.

Une foule nombreuse se presse déjà autour. Le drapeau qui voilait la face du monument tombe et laisse apparaître les noms des glorieux morts.

Au milieu d’un silence imposant, M. Dausse, conseiller municipal, fait l’appel des morts. A chaque appel, les enfants de l’école déposent des gerbes de fleurs. Les notes vibrantes de La Marseillaise éclatent.

Puis M. Rousse, maire de la commune, prononce un discours, où il rappelle le sacrifice de ceux qui ne sont plus.

Il remercie ensuite en termes élogieux les autorités toujours empressées, la municipalité, les organisateurs de la fête et l’assistance.

Après ce discours, Mademoiselle Cresson, la dévouée institutrice, déclame d’une voix nette et expressive « L’Hymne aux Morts » de Victor Hugo.

Après chaque strophe, les enfants de l’école, d’une tenue parfaite, avec un accent vibrant et particulièrement émouvant, reprennent ensemble d’une même voix, d’un même cœur, ces vers si beaux :

« Gloire à notre France éternelle

Gloire à ceux qui sont morts pour elle … »

Cet hymne de glorification impressionne beaucoup la foule recueillie.

Puis, M. Caron, délégué par les anciens combattants de la commune, vient saluer la mémoire des camarades tués pour la grande cause.

La musique de Conchy, alternant avec ces discours, joue quelques morceaux de circonstance.

Les enfants de l’école exécutent ensuite le « Chant du départ », quelques-uns récitent des poésies patriotiques avec une diction impeccable.

M. Bouillet prend à son tour la parole et glorifie les héros tombés pour la Patrie.

Enfin, M. Petit, remercie tout d’abord les autorités de l’avoir convié à la présidence de cette cérémonie et assure les habitants de son fidèle attachement et de son inlassable dévouement.

Il invite sur l’union de tous, sur l’appui mutuel qui doit survivre dans la paix comme dans la guerre.

Il fait appel surtout à la solidarité envers les malheureuses régions dévastées, nos proches voisines.

La cérémonie est terminée ; le cortège se reforme et reprend la route de la mairie pour les vins d’honneur. Puis, lentement, après avoir jeté un dernier regard sur les noms dorés de gloire, les assistants s’éloignent, emportant au fond de leur cœur un souvenir inoubliable de cette simple mais émouvante manifestation patriotique.

(Le Courrier du Pas-de-Calais, du 9 juillet 1921)


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