Dimanche dernier, a eu lieu l’inauguration du monument élevé par la Commune, à la mémoire de ses 27 enfants, morts pour la France. Tous les habitants ont eu à cœur de préparer dignement cette manifestation de reconnaissance ; ils ont rivalisé de zèle pour qu’elle fut en tout point réussie.
Dès le matin, le monument et tout le parcours que le cortège doit suivre pour s’y rendre, sont délicatement fleuris et abondamment décorés aux couleurs françaises.
A 9 h 30, un service religieux est célébré en l’honneur des soldats tombés pour la Patrie, l’église peur à peine contenir la nombreuse assistance qui, en un long cortège, se rend ensuite au monument pour la bénédiction.
A 2 heures, les différents groupes qui doivent prendre part au défilé sont réunis sur la place publique. Après un mot aimable de M. le Sous-Préfet, pour chacun d’eux, le cortège se met en marche par les deux principales rues du village. On y remarque la Musique, les Sapeurs-Pompiers et la Société de Secours Mutuels de Pernes ; les Trompettes de Floringhem ; les Anciens élèves de Pressy et la Société de préparation militaire « La jeune France de Camblain-Châtelain ».
A signaler également une heureuse personnification de Jeanne d’Arc et un gentil groupe d’Alsaciennes.
Dans l’enceinte du monument pénètrent les autorités, les militaires permissionnaires, les enfants des écoles, les 27 jeunes filles portant des couronnes, les porte-drapeaux des Sociétés.
Les Sociétés et le public trouvent difficilement place sur le terrain qui leur est réservé.
Après l’exécution réussie de quelques morceaux de musique et la déclamation très écoutée de chants et de poésies ; après l’appel des morts, M. Dewalle, conseiller municipal, ancien combattant et médaillé militaire, adresse un adieu ému à ses frères d’armes. M. Delgéry, conseiller d’arrondissement, flétrit une fois de plus la barbarie et la cupidité allemandes, causes du bouleversement dans lequel l’Europe est toujours plongée. M. Salmon, conseiller général, souhaite que soit maintenue la grande union qui nous a donné la victoire. « Trève de querelles politiques ou confessionnelles dans nos petits villages comme dans la grande France, dit-il, et restons unis comme au front. »
M. le Sous-Préfet fait également appel à la concorde qui, seule, peut donner à notre Gouvernement la force nécessaire pour gagner la paix comme nos soldats ont gagné la guerre. Il adresse un appel particulier aux enfants ; il les invite à s’appliquer aujourd’hui pour être demain à même de tenir le rôle important dévolu au peuple dans une démocratie.
C’est fini ! Après quelques remerciements du maire, le cortège se referme et se rend à la Mairie où les vins d’honneur sont offerts.
Les nombreux spectateurs se retirent lentement, paraissant regretter que soit déjà terminée cette belle manifestation patriotique. Ils en garderont un souvenir ému qui fortifiera et ravivera le sentiment d’éternelle reconnaissance que nous devons à nos braves soldats.
(Le Courrier du Pas-de-Calais, 1921)