Chronologie
10/12/1919 :
Réunion du conseil municipal, sous la présidence de HIVIN Gaston, maire
Le Maire expose que le conseil avait en sa session d'août, examiné le
projet d'érection d'un monument à élever en souvenir des enfants de la
commune tombés au champ d'honneur, mais comme le mandat du conseil
était périmé, et que des élections étaient prévues pour un jour
prochain, il avait été décidé d'attendre le renouvellement du conseil.
Il donne lecture d'une note du Sous-Préfet du 26/08/1919 traitant le sujet.
Le Conseil, après discussion décide à l'unanimité de se former en
comité sous la présidence de HIVIN Gaston maire, ex soldat du 73ème
régiment d'infanterie.
Le comité ainsi formé, à l'unanimité, décide la formation d'un
sous-comité chargé de recueillir les souscriptions composés des
conseillers anciens soldats, soient : HIVIN Louis, POILLION, MESUREUR,
HERDUIN Louis.
24/12/1919 :
Constitution d'un comité pour l'érection d'un monument à la mémoire des enfants de la commune tombés au champ d'honneur.
Président :
HIVIN Gaston, maire, ex soldat du 73ème Régiment d'Infanterie, né à Croisette le 24/07/1882.
Membres :
DERAMECOURT Théodule, adjoint au Maire, né à Beauvois le 15/05/1855, domicilié à Croisette depuis 188?.
BRIOIS Jules, conseiller municipal, né à Croisette le 17/04/1865
BRIET Evariste, conseiller municipal à Croisette, né à Croisette le 17/04/1865
LACAILLE Henri, conseiller municipal à Croisette, né à Pronay le 11/11/1858, domicilié à Croisette.
HERDUIN Emile, conseiller municipal à Croisette, né à Croisette le 29/05/1858
PRUVOST Ludovic, conseiller municipal à Croisette, né à Croisette le 31/01/1862
POILLION Louis, conseiller municipal à Croisette, né à Croisette le 15/01/1884, ex soldat du 118ème régiment d'artillerie.
MESUREUR Paul, conseiller municipal à Croisette, né à Croisette le
20/04/1882, ex soldat du 8ème régiment territorial d'infanterie.
HERDUIN Louis, conseiller municipal à Croisette, né à Croisette le 08/01/1877, ex soldat du 118ème régiment d'artillerie.
Sous-Comité chargé de la souscription publique :
Président : HIVIN Gaston
Secrétaire : POILLION Louis
Membres : MESUREUR Paul, HERDUIN Louis
But : érection d'un monument commémoratif en l'honneur des soldats de Croisette morts pour la France
Siège : Mairie de Croisette
Ressources : souscription publique entre tous les habitants de la commune.
02/01/1920 :
Renseignements du Maire en réponse à une circulaire sous-préfectorale du 29/12/1919
Total de la dépense pour le monument prévu : environ 5.000 francs
Total des souscriptions prévues : environ 3.000 francs.
Montant du crédit inscrit au budget communal en vue de cet objet : aucun
crédit n'est porté au budget de 1920, si la subvention n'est pas assez
élevée pour compléter la somme recueillie, nous porterons au budget
additionnel.
Chiffre de la population : 428.
Nota : les souscriptions ne sont que prévues... aucune somme n'ayant
encore été recueillie ... nous attendons le récépissé de déclaration de
la formation du comité pour faire encaisser les sommes annoncées ...
Nous espérons que Monsieur le Sous-Préfet voudra bien envisager la
situation particulière de la commune qui a un chiffre de morts
particulièrement élevé comparativement à la population ... De plus
l'effort que s'impose la commune pour glorifier ses Héros est
particulièrement élevé ... Les 2/3 du territoire de la commune étant la
propriété de personnes habitant les villes voisines qui ne nous
aiderons pas actuellement. Nous avons confiance que la subvention sera
en raison directe de notre effort.
10/01/1920 :
Le Préfet autorise le comité, constitué sous les auspices de la
municipalité à faire appel à la générosité publique, sous réserve que
les fonds recueillis soient versés dans la caisse municipale.
15/01/1920 :
Note du Maire de Croisette au sous-préfet de Saint-Pol
Le Maire fait remarquer que ne sachant pas le chiffre de la subvention
ni des ressources totales exactes, aucun plan de monument n'est encore
définitivement adopté.
Dès que le choix sera fait, il se conformera aux indications ci-contre.
Il espère toujours une subvention aussi élevée que possible.
03/10/1920 :
Inauguration du monument
Dans la presse de l'époque
Source : L’Abeille
de la Ternoise, du 17 octobre 1920
L'inauguration du monument aux morts de Croisette
|
|
L’inauguration du monument commémoratif a eu lieu le dimanche 3 octobre.
D’une belle venue, et placé à l’angle du cimetière, face à la croix de
routes qui a donné son nom à la commune, le monument redira aux
générations futures le sublime sacrifice des onze noms qu’il porte.
Il est regrettable que les autorités administratives et les élus du canton n’aient pu y assister.
Malgré son intimité, la cérémonie laissera à la population assemblée au pied du marbre son grandiose souvenir d’apothéose.
Le matin, à la messe dite en l’honneur des morts, M. l’abbé Deremetz,
rappelant les vertus héroïques de nos soldats, en tira les
enseignements chrétiens et fit l’appel à la prière.
A l’issue des vêpres des morts eut lieu la bénédiction.
Le cortège se rendit au pied du monument au milieu d’une allée de guirlandes et de fleurs.
Après le toujours si émouvant appel des morts, un ancien soldat fit en termes élevés, la remise du monument à la commune.
M. Deramecourt, adjoint au maire, en prit possession au nom du conseil
municipal, glorifiant le sacrifice de ces onze héros et d’une voix que
le souvenir d’un fils mort pour la France rendait plus émouvant encore,
rappela à la population son devoir d’immortelle reconnaissance.
Un ancien soldat clama, d’une voix vibrante, l’Ode aux Morts de Victor
Hugo et le De Profundis termina cette grandiose manifestation.
Un vin d’honneur réunissant à la mairie tous les anciens combattants
ainsi que les survivants de 1870, clôtura cette patriotique journée.
Se faisant l’interprète du Maire, Mlle Bocquillon, institutrice,
saluant les soldats de 1870 et leurs vengeurs les combattants d’hier,
invita tous les assistants à lever leur verre en l’honneur de la France
toujours plus belle, toujours plus grande et remercia en termes
élégants tous ceux qui avaient pris part à la fête et en particulier
les dames et demoiselles qui avaient décoré la rue et les abords du
monument.
|
|
A propos de l'inauguration du monument aux morts de Croisette
|
Source : L’Abeille
de la Ternoise, du 17 octobre 1920
Nous recevons de M. HIVIN, maire de Croisette, la lettre suivante
en réponse à l'article paru sous ce titre, dans le dernier numéro de
l'Abeille
Croisette, le 11 octobre 1920.
Cher Monsieur Dubois,
Une lettre insérée à la première page du n° de l'Abeille du 10 octobre
et signée "Un vieux Saint-Polois", contient une phrase insultant pour
les Anciens Combattants, le Conseil municipal et la Commune de
Croisette toute entière.
A cette assertion j'oppose le démenti le plus formel.
Connaissant votre loyauté, jusqu'à preuve contraire, je veux croire que
votre bonne foi a été surprise et qu'il suffira de vous signaler le
fait pour faire rétracter ceux qui s'abritent derrière un honteux
anonymat pour salir le bon renom de toute une commune.
C'est l'éternelle histoire de la paille et de la poutre.
Il n'est pas de mon goût de répondre à l'insulte par l'injure ... On
montre du doigt l'un des auteurs de cette émchanceté, je le veux
ignorer.
A ces conseillers, qu'il me soit seulement permis de dire : honorez vos
morts comme la commune de Croisette a honoré et glorifié ses enfants
tombés au champ d'honneur.
Je n'ai pas besoin, je crois, de faire appel au droit de réponse,
certain que vous voudrez de vous même laver cette insulte en insérant
ce mot à la même place que la lettre en question.
Veuillez agréer, Cher Monsieur Dubois, l'assurance de mes meilleurs sentiments.
HIVIN, maire à Croisette.
Suit cette protestation :
Nous soussignés, Père, Mères, Frère, Epouses des Soldats de Croisette
Morts au Champ d'Honneur, en réponse à un artcile de journal, insultant
pour les conseillers municipaux, les anciens combattants et la
population toute entière, venons déclarer que nous n'avons jamais eu
qu'à nous louer des cérémonies organisées en souvenir de Ceux qui nous
sont chers et que rien n'a jamais été fait qui pût nous blesser.
Nous profitons de l'occasion pour remercier les Conseillers municipaux,
anciens Combattants et toute la commune de tout ce qu'ils ont fait pour
honorer nos Morts et conserver leur mémoire.
LOURME, RENOIR, Vve POMART, Vve MARTIN-DALONGEVILLE, TURPIN, Vve
MARTIN_QUENTIN, LHOMME Aglaë, POILLION Louis, BELIARD, Vve THULLIER
Nous reproduisons très volontiers la protestation du sympathique maire
de Croisette et celle de ses administrés, et nous tenons à leur
déclarer qu'il n'a pas été dans l'esprit du "Vieux Saint-Polois" - ni
dans le nôtre - de viser la municipalité de Croisette, ni les
organisateurs de la cérémonie, ni la cérémonie en elle-même.
Nous savons que la partie officielle de la journée s'est déroulée avec
le calme et la dignité qui conviennent en semblable circonstance. Le
compte-rendu que nous donnons plus loin et que le manque de place seul
ne nous a pas permis de faire paraître la semaine dernière, en fait foi.
Mais en dehors de la cérémonie a-t-on observé ce calme et cette dignité
? A certaines heures de la journée, une animation qu'il eut été
désirable de ne pas voir ce jour-là, n'a-t-elle pas régnée dans les
cabarets ? Voilà ce à quoi fait allusion le "Vieux Saint-Polois".
Nous ne souhaitons qu'une chose, c'est qu'il se soit trompé.