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L'inauguration du monument aux morts de Diéval |
Dimanche dernier, la commune de Diéval a glorifié ses enfants morts pour la France par l’inauguration d’un monument, destiné à perpétuer leur mémoire parmi les générations futures. A 10 heures et demie, M. le Maire, entouré de son conseil municipal, recevait M. Henri Marais, sous préfet de Saint-Pol, MM Alfred Salmon conseiller général, Martin conseiller d’arrondissement, Elby administrateur directeur des mines de Bruay, Houillier lieutenant de gendarmerie ; docteur Cluet, de Bruay. Puis, une messe de requiem fut célébrée par M. l’abbé Outrequin, et chantée par la chorale de Bruay. M. le Curé prononça une vibrante et patriotique allocution. A l’issue de la messe, l’assistance se rendit en cortège au monument. En tête, marchait le clergé, puis la Société de gymnastique de Bruay, un groupe de filles et de garçons, les anciens combattants, les autorités, suivies du conseil municipal et de toute la population. Les rues étaient entièrement pavoisées et décorées et des guirlandes multicolores formaient avec les trois couleurs le plus heureux effet. M. le curé de Diéval, devant la foule assemblée, bénit le monument, puis des discours furent prononcés. Discours de M. Descamps, Maire : « Nous sommes ici rassemblés pour glorifier nos morts pour la Patrie, nos
morts de Diéval. Fiers de la gloire qui auréole nos étendards, nos pensées à cette heure
vont à nos chers disparus dont les tombes seront toujours sacrées pour nous et
nos enfants. Elles vont encore vers les veuves et les orphelins de ces héros
qu’il ne faudra jamais abandonner, enfin vers nos mutilés qui ont perdu la
santé pendant cette guerre. Aujourd’hui que la Providence a réalisé nos vœux les plus chers,
aujourd’hui que Foch et Clemenceau nous ont apporté la Victoire, nos cœurs
pleins d’une joie débordante ne trouvent aucune expression pour remercier ceux
qui en furent les artisans. Gloire immortelle à nos poilus, vivants ou morts
qui furent les véritables vainqueurs et auxquels vont toutes nos pensées
reconnaissantes. Nous avons triomphé avec des alliés loyaux et courageux d’une coalition
et d’une organisation formidables. En ce jour de splendides victoires où la
France est montée si haut, grâce au génie de ses chefs et au merveilleux
courage de ses fils, que de nos poitrines reconnaissantes s’élève le cri
d’amour et d’infinie tendresse pour la France immortelle. Refoulons nos larmes ; nos morts peuvent dormir dans la paix
sublime, leur sacrifice n’a pas été stérile ; ils sont vengés, le monstre
est abattu. La France dans cette guerre a été, comme dans le passé, le champion
de la justice et du droit. Vous tous qui pleurez un époux ou un père, un fils, un frère, un ami,
vous vous arrêterez devant ce monument matérialisant leurs ombres, vous
apprendrez à vos enfants à se découvrir respectueusement devant ce mausolée. Aujourd’hui, faites trève un instant à votre grande douleur ;
femmes, mères, relevez vos voiles de deuil ; regardez-les, soyez en
fières, voyez comme ils sont grands, vos époux et vos fils dans cette apothéose : Chabé Georges ; Mayeur Léger ; Mayeur Georges ; Rumeaux
Paul ; Gervais Emile, Legru Paul ; Dumont Henri, Logez Paul ;
Dablemont Gaston ; Defonte Henri, Mayeur Gérard ; Donnet Félix ;
Bailly François ; Labroy Julien ; Rumeaux François ; Legru
Marcel ; Pruvost François ; Lesieux Paul ; Machard Albert ;
Gardez Camille ; Quilliot Augustin ; Donnet Jules ; Lardé
Cyprien ; Lheureux Hector ; Hollande Henri ; Donnet
Jean-Baptiste ; Chabé Gaston ; Magniez Victor ; Lardé
Gaston ; Gosselin Jean-Baptiste ; Lardé Julien ; Hernu Victoric. Mes dernières paroles seront pour adresser de sincères remerciements à
M. le Sous-Préfet qui a bien voulu présider la cérémonie d’aujourd’hui, à M. le
Conseiller Général, à M. le Conseiller d’arrondissement animés des meilleures
intentions, à M. Elby, directeur des Mines de Bruay dont la sympathie est
connue ici. Merci aux généreux donateurs qui ont répondu à notre appel et nous ont
permis d’offrir à nos morts glorieux un souvenir digne de leur sacrifice. Merci à mes collègues du Conseil municipal qui s’est dévoué et m’a aidé
pour la réussie de cette fête. Merci enfin à tous nos invités et aux personnes qui ont bien voulu, par leur présence, rehausser l’éclat de cette patriotique cérémonie. » Après lui, M. Salmon, conseiller général, improvisa une éloquente allocution, dans laquelle il fit appel à la concorde, à l’union pour le salut de la Patrie. Après avoir remercié la municipalité de son invitation et dit sa satisfaction devant l’empressement qu’a apporté la population de Diéval et des communes voisines à assister à la cérémonie. M. Martin, conseiller d’arrondissement, qui a pris la parole à son tour ajoute : : « Le monument qu’on élève à nos enfants aujourd’hui, les unit dans un
même souvenir ; il grandit leurs sacrifices, en les confondant en un seul,
il lègue à la postérité leurs noms glorieux. Morts de la grande guerre nous vous saluons. Ceux de vos camarades qui avaient, comme vous, fait le sacrifice de
leur vie et ont échappé à la mort, sont là au pied de votre monument : l’escorte
d’honneur est digne de vous. Tous ont bien mérité de la Patrie. Morts glorieux, votre souvenir est gravé dans nos mémoires, mais il
fallait le transmettre aux générations futures. Ce modeste monument dira aux
jeunes comment un Français meurt pour son pays. Ils sont tombés au champ d’honneur fiers d’avoir fait leur devoir
jusqu’au bout ; leurs noms sont gravés sur la pierre et ils vivront
éternellement dans notre souvenir. Mais nous ne remplirions pas tout notre
devoir envers eux, si nous laissions inachevée l’œuvre pour laquelle ils ont
sacrifié leur vie. L’ennemi vaincu clame à tous les échos ses désirs de revanche. L’écho ne répondra pas, si nous restons unis, vaillants et forts comme pendant la guerre ; si nous voulons la paix ne craignons pas le danger. Morts glorieux, dormez en
paix, votre sacrifice n’aura pas été inutile. Nous nous inclinons
respectueusement devant Vous. Honneur et Gloire à tous. Vive la France, Vive la
République. M. Henri Marais clôt la série des discours par un émouvant hommage aux morts qu’il fit suivre de judicieux conseils. Il demanda instamment à chacun de poursuivre dans la paix l’œuvre de la guerre. La victoire demeurerait stérile sans l’union de tous les Français, sans la ferme volonté de travailler au relèvement du pays. Montrons-nous dignes, par nos actes et notre attitude, des grands morts de la guerre. Après quoi, M. Lemaire, instituteur en retraite, lut les vers suivants qu’il a composés pour la circonstance et qui produisirent sur la nombreuse assistance une profonde impression : « O peuple de héros ! Vous qui pieusement De sauver la Patrie avez fait le serment, Et pour elle, sans trêve, affrontiez les mitrailles, Vous auriez mérité de belles funérailles ! En quel temps, plus fertile en exploits merveilleux, Fut-il destin plus sombre et sort plus glorieux ? Comme l’aigle bravant les coups de la rafale, Vous tombiez, emportés dans la lutte infernale, Par le nombre écrasés, mais jamais abattus, Sans cesser de combattre et sans être vaincus. D’autres vous remplaçaient, opposant leurs poitrines Au noir débordement des hordes assassines, Et l’on vit ces Titans qui défiaient la mort Succomber pour la France et lui sourire encor. Rien ne put ébranler ces âmes héroïques : Vous étonniez le monde en des combats épiques Que nul n’égalera. Car vous êtes plus grands Que tous les empereurs et tous les conquérants ; Marque l’endroit béni qui garde leur poussière, Et disent des vaillants tombés dans les combats A nos cœurs oppressés le sublime trépas. Plus que les monuments aux flèches colossales, Plus que les Panthéons, les vastes cathédrales, Où dorment les tyrans sous de riches tombeaux, Vos refuges, poilus, à nos yeux sont plus beaux : Vous avez le plus haut des temples, le ciel pur Dont la voûte s’élance au sommet de l’azur, Où s’allument le soir des millions d’étoiles Et l’astre de la nui dépouillé de ses voiles Sous les cieux étoilés ou baignés de soleil, Dormez paisiblement votre éternel sommeil. Quel est le monument, unique dans l’histoire, Qui pourrait en ses mus enfermer votre gloire, Qui puisse contenir toute la France en deuil Venant s’agenouiller près de votre cercueil : Les mères, les enfants, en un morne silence, Pleurant les êtres chers ; et le cortège immense D’amis vous apportant, mêlés aux trois couleurs De nos drapeaux sacrés, les lauriers et les fleurs ; Les frères, les aïeuls courbant leurs fronts austères, Et les fils honorant les mânes de leurs pères ? Votre âme plane encor sur nos champs dévastés, Sous les débris fumants des fermes, des cités, Et soufflant en nos coeurs ses haines légitimes, Vous dit de châtier d’abominables crimes. Ecoutons cette voix qui gémit sous nos pas : Oublier, c’est trahir ! Nous ne trahirons pas. Oui, c’est loi de justice et non pas de vengeance, Que purger l’univers de l’exécrable engeance, Qui partout a pillé, tué, violenté, Redoublé les horreurs de la férocité, Broyé villes, hameaux, achevé les ruines Bafoué toutes les lois humaines et divines, Ne prêtons pas l’oreille aux paroles de haine, Mais réprouvons le mal pour que l’amour du bien Fasse l’homme sincère et le bon citoyen ; Et cet amour sera la semence féconde Qui pourra seul, un jour, régénérer le monde ! Puisqu’aujourd’hui la paix sourit à l’univers, Puisqu’à la vérité les yeux se sont ouverts O peuples, bannissons ces lâches hécatombes ! Assez de morts ! Assez de gibets et de tombes ! Soyons respectueux du sang de nos martyrs, Et sachons exaucer leurs généreux désirs, Leurs vœux les plus sacrés. Que cette horrible guerre Soit pour le genre humain, cette fois, la dernière. Que devant tant de maux noblement supportés Se taisent la discorde et les rivalités, Que grâce à ces héros et par leur sacrifice, Règnent à tout jamais la Paix et la Justice. » De touchantes poésies furent ensuite déclamées par les enfants des écoles. La cérémonie fut suivie à la Mairie d’un banquet très bien servi, que présida M. Salmon, conseiller général. |
Documents d'Archives
1. Plan d'emplacement du monument commémoratif de Diéval |
2. Croquis du monument commémoratif de Diéval |
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