Le monument aux morts de DIEVAL


 
Le monument aux morts de DIEVAL


Le monument aux morts de DIEVAL




Le monument aux morts de DIEVAL


Chronologie

07/09/1919
Réunion du conseil municipal pour création un comité
En présence de DESCAMPS, Maires, DESCAMPS, LHEUREUX, HAY, DESPRES, BOETE, LABROY, MAITREPIERRE et GRAUX.
Le Conseil ayant l'intention de faire appel à la générosité publique, il invite l'assemblée à constituer un comité qui prendra la direction de l'oeuvre.
Après scrutin, sont désignés :
DESCAMPS, Maire, Président, né à Roëllecourt, le 12/05/1861.
LABROY Julien, Vice-Président, né à La Thieuloye le 01/08/1847
LEBEL Jean Baptiste, Trésorier, né à Diéval le 23/12/1863
BOETE Arthur, administrateur, né à Maisnil-les-Saint-Pol le 01/05/1870
GRAUX Charles, administrateur, né à Diéval le 20/07/1864
MAITREPIERRE Zéphir, administrateur, né à Diéval le 04/02/1870
DESPREZ Victor, administrateur, né à Diéval le 29/01/1868
Tous ces membres sont de nationalité française, conseillers municipaux, cultivateurs et domiciliés à Diéval.
il est décidé que le but de l'oeuvre est de veiller à l'érection dudit monument, de faire appel à la générosité publique pour amener chacun à participer à la dette reconnaissance que nous avons contracté envers nos morts.
La somme, ainsi recueillie, sera entièrement utilisée à payer le prix du monument. Le surplus sera mandaté sur la somme votée par le conseil municipal et portée au budget de 1920.
Le siège du comité est à la mairie.
En même temps, le conseil décide que le monument sera placé sur la petite place du presbytère, presque adossé au mur de celui-ci et la face tournée vers la rue de l'Eglise.
Le Conseil étant en possession :
du plan et dessin du monument
du plan de l'emplacement du monument
du devis descriptif et estimatif
approuve toutes les pièces ci-dessus désignées, fait remarquer que la dépense est déjà votée au budget primitif de 1920 et demande l'autorisation de traiter de gré à gré en raison de la spécialité des travaux.

16/10/1919
Le Conseil municipal, pour écouter la rumeur publique et déférer aux voeux de la population décide de placer le monument aux morts pour la Patrie dans le cimetière à la pointe de terrain formée par l'intersection des 2 allées situées derrière le choeur de l'Eglise.
Le Conseil vote la part des pauvres du Bureau de Bienfaisance dans la concession du terrain sur lequel sera élevé le monument soit 1/3 (30 francs x 4 = 40 francs)

27/06/1920
Place du monument
A la suite d'un referendum dans la commune provoqué par le conseil municipal, il a été décidé à une forte majorité que le monument aux morts de Diéval serait placé dans le jardin de l'école de garçons, face au calvaire, terrain qui avait été acheté en vue de la construction d'une deuxième classe si la nécessité s'en faisait sentir.
Le terrain sur lequel doit être érigé le monument bordant le chemin de grande communication n° 89, une délibération spéciale sera adressée au Sous-Préfet afin qu'il veuille bien inviter l'agent voyer cantonal à donner l'alignement.
En outre, et d'après la teneur de la loi du 25/10/1919, le conseil municipal demande à l'Etat une subvention pour atténuer le sacrifice consenti par la commune.
Pour le paiement de la dépense, la somme de 2.500 francs est inscrite au budget primitif de 1920 ; celle de 1.700 francs a été sollicitée du public et se trouve entre les mains du trésorier du comité nommé à cet effet le 07/09/1919, comité approuvé par le Préfet en date du 30/09/1919.

28/08/1920
Devis estimatif pour l'érection du monument aux soldats morts pour la France
Monument = 2.600 francs
Gravure lettres dorées 0,50 f l'une = 378,00 francs
Pose = 100 francs
Nourriture des hommes (3) = 21 francs
Charroi (de Saint-Pol à Diéval) 3 chevaux = 120 francs
Grille en fer 13 m 50 à 12 francs le mètre = 162 francs
Plateforme en ciment :
20 sacs ciment = 140 francs
5 me scories = 56 francs
Travail = 120 francs
Charroi = 40 francs
Sable = 20 francs
Total = 3.751 francs

17/10/1920
Inauguration du monument


Dans la presse de l'époque

Source : L’Abeille de la Ternoise, du 24 octobre 1920

L'inauguration du monument aux morts de Diéval


Dimanche dernier, la commune de Diéval a glorifié ses enfants morts pour la France par l’inauguration d’un monument, destiné à perpétuer leur mémoire parmi les générations futures.

A 10 heures et demie, M. le Maire, entouré de son conseil municipal, recevait M. Henri Marais, sous préfet de Saint-Pol, MM Alfred Salmon conseiller général, Martin conseiller d’arrondissement, Elby administrateur directeur des mines de Bruay, Houillier lieutenant de gendarmerie ; docteur Cluet, de Bruay.

Puis, une messe de requiem fut célébrée par M. l’abbé Outrequin, et chantée par la chorale de Bruay. M. le Curé prononça une vibrante et patriotique allocution.

A l’issue de la messe, l’assistance se rendit en cortège au monument. En tête, marchait le clergé, puis la Société de gymnastique de Bruay, un groupe de filles et de garçons, les anciens combattants, les autorités, suivies du conseil municipal et de toute la population.

Les rues étaient entièrement pavoisées et décorées et des guirlandes multicolores formaient avec les trois couleurs le plus heureux effet.

M. le curé de Diéval, devant la foule assemblée, bénit le monument, puis des discours furent prononcés.

Discours de M. Descamps, Maire :

« Nous sommes ici rassemblés pour glorifier nos morts pour la Patrie, nos morts de Diéval.

Fiers de la gloire qui auréole nos étendards, nos pensées à cette heure vont à nos chers disparus dont les tombes seront toujours sacrées pour nous et nos enfants. Elles vont encore vers les veuves et les orphelins de ces héros qu’il ne faudra jamais abandonner, enfin vers nos mutilés qui ont perdu la santé pendant cette guerre.

Aujourd’hui que la Providence a réalisé nos vœux les plus chers, aujourd’hui que Foch et Clemenceau nous ont apporté la Victoire, nos cœurs pleins d’une joie débordante ne trouvent aucune expression pour remercier ceux qui en furent les artisans. Gloire immortelle à nos poilus, vivants ou morts qui furent les véritables vainqueurs et auxquels vont toutes nos pensées reconnaissantes.

Nous avons triomphé avec des alliés loyaux et courageux d’une coalition et d’une organisation formidables. En ce jour de splendides victoires où la France est montée si haut, grâce au génie de ses chefs et au merveilleux courage de ses fils, que de nos poitrines reconnaissantes s’élève le cri d’amour et d’infinie tendresse pour la France immortelle.

Refoulons nos larmes ; nos morts peuvent dormir dans la paix sublime, leur sacrifice n’a pas été stérile ; ils sont vengés, le monstre est abattu. La France dans cette guerre a été, comme dans le passé, le champion de la justice et du droit.

Vous tous qui pleurez un époux ou un père, un fils, un frère, un ami, vous vous arrêterez devant ce monument matérialisant leurs ombres, vous apprendrez à vos enfants à se découvrir respectueusement devant ce mausolée.

Aujourd’hui, faites trève un instant à votre grande douleur ; femmes, mères, relevez vos voiles de deuil ; regardez-les, soyez en fières, voyez comme ils sont grands, vos époux et vos fils dans cette apothéose :

Chabé Georges ; Mayeur Léger ; Mayeur Georges ; Rumeaux Paul ; Gervais Emile, Legru Paul ; Dumont Henri, Logez Paul ; Dablemont Gaston ; Defonte Henri, Mayeur Gérard ; Donnet Félix ; Bailly François ; Labroy Julien ; Rumeaux François ; Legru Marcel ; Pruvost François ; Lesieux Paul ; Machard Albert ; Gardez Camille ; Quilliot Augustin ; Donnet Jules ; Lardé Cyprien ; Lheureux Hector ; Hollande Henri ; Donnet Jean-Baptiste ; Chabé Gaston ; Magniez Victor ; Lardé Gaston ; Gosselin Jean-Baptiste ; Lardé Julien ; Hernu Victoric.

Mes dernières paroles seront pour adresser de sincères remerciements à M. le Sous-Préfet qui a bien voulu présider la cérémonie d’aujourd’hui, à M. le Conseiller Général, à M. le Conseiller d’arrondissement animés des meilleures intentions, à M. Elby, directeur des Mines de Bruay dont la sympathie est connue ici.

Merci aux généreux donateurs qui ont répondu à notre appel et nous ont permis d’offrir à nos morts glorieux un souvenir digne de leur sacrifice.

Merci à mes collègues du Conseil municipal qui s’est dévoué et m’a aidé pour la réussie de cette fête.

Merci enfin à tous nos invités et aux personnes qui ont bien voulu, par leur présence, rehausser l’éclat de cette patriotique cérémonie. » 

Après lui, M. Salmon, conseiller général, improvisa une éloquente allocution, dans laquelle il fit appel à la concorde, à l’union pour le salut de la Patrie.

Après avoir remercié la municipalité de son invitation et dit sa satisfaction devant l’empressement qu’a apporté la population de Diéval et des communes voisines à assister à la cérémonie.

M. Martin, conseiller d’arrondissement, qui a pris la parole à son tour ajoute : :

« Le monument qu’on élève à nos enfants aujourd’hui, les unit dans un même souvenir ; il grandit leurs sacrifices, en les confondant en un seul, il lègue à la postérité leurs noms glorieux.

Morts de la grande guerre nous vous saluons.

Ceux de vos camarades qui avaient, comme vous, fait le sacrifice de leur vie et ont échappé à la mort, sont là au pied de votre monument : l’escorte d’honneur est digne de vous.

Tous ont bien mérité de la Patrie.

Morts glorieux, votre souvenir est gravé dans nos mémoires, mais il fallait le transmettre aux générations futures. Ce modeste monument dira aux jeunes comment un Français meurt pour son pays.

Ils sont tombés au champ d’honneur fiers d’avoir fait leur devoir jusqu’au bout ; leurs noms sont gravés sur la pierre et ils vivront éternellement dans notre souvenir. Mais nous ne remplirions pas tout notre devoir envers eux, si nous laissions inachevée l’œuvre pour laquelle ils ont sacrifié leur vie.

L’ennemi vaincu clame à tous les échos ses désirs de revanche. L’écho ne répondra pas, si nous restons unis, vaillants et forts comme pendant la guerre ; si nous voulons la paix ne craignons pas le danger.

Morts glorieux, dormez en paix, votre sacrifice n’aura pas été inutile.

Nous nous inclinons respectueusement devant Vous. Honneur et Gloire à tous. Vive la France, Vive la République.

M. Henri Marais clôt la série des discours par un émouvant hommage aux morts qu’il fit suivre de judicieux conseils. Il demanda instamment à chacun de poursuivre dans la paix l’œuvre de la guerre. La victoire demeurerait stérile sans l’union de tous les Français, sans la ferme volonté de travailler au relèvement du pays.

Montrons-nous dignes, par nos actes et notre attitude, des grands morts de la guerre.

Après quoi, M. Lemaire, instituteur en retraite, lut les vers suivants qu’il a composés pour la circonstance et qui produisirent sur la nombreuse assistance une profonde impression :

« O peuple de héros ! Vous qui pieusement

De sauver la Patrie avez fait le serment,

Et pour elle, sans trêve, affrontiez les mitrailles,

Vous auriez mérité de belles funérailles !

En quel temps, plus fertile en exploits merveilleux,

Fut-il destin plus sombre et sort plus glorieux ?

Comme l’aigle bravant les coups de la rafale,

Vous tombiez, emportés dans la lutte infernale,

Par le nombre écrasés, mais jamais abattus,

Sans cesser de combattre et sans être vaincus.

D’autres vous remplaçaient, opposant leurs poitrines

Au noir débordement des hordes assassines,

Et l’on vit ces Titans qui défiaient la mort

Succomber pour la France et lui sourire encor.

Rien ne put ébranler ces âmes héroïques :

Vous étonniez le monde en des combats épiques

Que nul n’égalera. Car vous êtes plus grands

Que tous les empereurs et tous les conquérants ;

Marque l’endroit béni qui garde leur poussière,

Et disent des vaillants tombés dans les combats

A nos cœurs oppressés le sublime trépas.

Plus que les monuments aux flèches colossales,

Plus que les Panthéons, les vastes cathédrales,

Où dorment les tyrans sous de riches tombeaux,

Vos refuges, poilus, à nos yeux sont plus beaux :

Vous avez le plus haut des temples, le ciel pur

Dont la voûte s’élance au sommet de l’azur,

Où s’allument le soir des millions d’étoiles

Et l’astre de la nui dépouillé de ses voiles

Sous les cieux étoilés ou baignés de soleil,

Dormez paisiblement votre éternel sommeil.

Quel est le monument, unique dans l’histoire,

Qui pourrait en ses mus enfermer votre gloire,

Qui puisse contenir toute la France en deuil

Venant s’agenouiller près de votre cercueil :

Les mères, les enfants, en un morne silence,

Pleurant les êtres chers ; et le cortège immense

D’amis vous apportant, mêlés aux trois couleurs

De nos drapeaux sacrés, les lauriers et les fleurs ;

Les frères, les aïeuls courbant leurs fronts austères,

Et les fils honorant les mânes de leurs pères ?

Votre âme plane encor sur nos champs dévastés,

Sous les débris fumants des fermes, des cités,

Et soufflant en nos coeurs ses haines légitimes,

Vous dit de châtier d’abominables crimes.

Ecoutons cette voix qui gémit sous nos pas :

Oublier, c’est trahir ! Nous ne trahirons pas.

Oui, c’est loi de justice et non pas de vengeance,

Que purger l’univers de l’exécrable engeance,

Qui partout a pillé, tué, violenté,

Redoublé les horreurs de la férocité,

Broyé villes, hameaux, achevé les ruines

Bafoué toutes les lois humaines et divines,

Ne prêtons pas l’oreille aux paroles de haine,

Mais réprouvons le mal pour que l’amour du bien

Fasse l’homme sincère et le bon citoyen ;

Et cet amour sera la semence féconde

Qui pourra seul, un jour, régénérer le monde !

Puisqu’aujourd’hui la paix sourit à l’univers,

Puisqu’à la vérité les yeux se sont ouverts

O peuples, bannissons ces lâches hécatombes !

Assez de morts ! Assez de gibets et de tombes !

Soyons respectueux du sang de nos martyrs,

Et sachons exaucer leurs généreux désirs,

Leurs vœux les plus sacrés. Que cette horrible guerre

Soit pour le genre humain, cette fois, la dernière.

Que devant tant de maux noblement supportés

Se taisent la discorde et les rivalités,

Que grâce à ces héros et par leur sacrifice,

Règnent à tout jamais la Paix et la Justice. »

De touchantes poésies furent ensuite déclamées par les enfants des écoles.

La cérémonie fut suivie à la Mairie d’un banquet très bien servi, que présida M. Salmon, conseiller général.



Documents d'Archives

Source : Archives du Pas-de-Calais, Série 2O/1885


1. Plan d'emplacement du monument commémoratif de Diéval


Archives départementales du Pas-de-Calais, 2O1885


2. Croquis du monument commémoratif de Diéval

Archives départementales du Pas-de-Calais, 2O1885



Crédits photographiques - Monuments aux morts : Paul-André Trollé
"Le monument aux morts de Diéval", page actualisée en avril 2012, sur le site internet "Mémorial du Ternois" (http://memorialduternois.free.fr)

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