Dimanche 2 juillet, par une journée ensoleillée, la
commune, si pittoresque dans sa jolie vallée, inaugurait le monument qu’elle a
élevé au souvenir de ses trente deux morts tombés au cours de la grande guerre.
Cette cérémonie, si touchante et si simple dans sa grandeur, a conservé toute la journée son véritable caractère, comme il convient en pareille occasion.
Dès la veille, tout le monde fut sur pied pour la décoration des rues. De nombreux arcs de triomphe se dressèrent, de toutes parts apparurent banderoles, guirlandes et drapeaux des nations alliées.
Le matin, une messe solennelle fut chantée dans la belle et vaste église trop petite pour la circonstance.
La musique communale fit entendre quelques morceaux, qui dénotèrent une fois encore les progrès des jeunes musiciens, et la parfaite direction de leur chef.
M. le Curé, dans une allocution empreinte du plus pur patriotisme, exalta l’héroïsme et la vertu et releva le courage des familles atteintes par la grande tourmente.
A l’issue de la messe, il fut procédé à la bénédiction du monument, puis le cortège se rendit au cimetière anglais. Le conseil municipal salué à son arrivée par un représentant du Gouvernement britannique, déposa sur le mausolée une palme et une couronne magnifiques.
Les élèves de l’école des garçons entonnèrent le chant national anglais et déposèrent au pied du monument chacun une gerbe de fleurs. Dans un discours qui fit impression, un mobilisé salua la mémoire des tommies anglais morts, comme les nôtres, pour la cause du droit et de la justice.
Il rappela que les services immenses rendus par la nation alliée, le sacrifice de ses 700.000 morts dont la voix d’outre-tombe exige une union loyale et continuelle entre les vivants.
Après l’exécution de la Marseillaise par la Fanfare, la première partie du programme de la journée était achevée et chacun se retrouvait dès 3 h 30 dans la cour de la mairie pour l’inauguration officielle du monument.
Les groupes se formèrent rapidement grâce à la prévoyance et à la sagacité du Comité qui n’avait rien négligé.
Combattants, familles en deuil, mutilés, infirmières, groupes des élèves, filles et garçons, France dans la Paix, France au travail, tous, porteurs de fleurs et couronnes, revêtus d’habits de circonstance choisis avec un goût averti, firent à leurs invités un accueil chaleureux, alors qu’éclatait la Marseillaise, grave, prenante, émouvante.
M. le Maire, suivi de son conseil municipal, reçut aussitôt les autorités : M. le Sous-Préfet, M. Dacquin, conseiller général, M. Carpentier, conseiller d’arrondissement, les maires des communes voisines ; puis le défilé commença dans les principales artères du village aux sons de joyeux pas redoublés, les musiciens étant infatigables.
Dès cinq heures, le cortège était de retour su la place publique, où la foule se pressait compacte devant le monument. Le voile tombait et la pyramide apparaissait grandiose dans sa simplicité.
Aussitôt, la sonnerie « ouvrez le ban » éclata et au nom du Gouvernement de la République, M. le Lieutenant Couteau, le sympathique instituteur de Wail, chevalier de la légion d’honneur, épingla la croix sur la poitrine d’un brave soldat de Fillièvres, M. Ficheux Aristide, promu récemment Chevalier dans le même ordre.
Ce fut un moment de recueillement, de fierté et de douleur quand ce nouveau décoré, dans un silence religieux, fit l’appel des trente deux morts dont les noms s’alignent en lettres d’or sur les traces du monument.
Vint ensuite l’exécution de l’Hymne aux morts, chœur à quatre voix dont l’interprétation fut magistrale.
Puis, M. le Maire, deux anciens combattants, M. le Conseiller général Dacquin, tour à tour, prirent la parole. Ces discours alternèrent avec la récitation de poésies et l’exécution de chœurs, le tout rendu d’une façon impeccable par quelques jeunes filles et les élèves garçons.
M. le sous-préfet clôtura la série des discours ; ses paroles provoquèrent dans l’assistance une vive émotion et soulevèrent d’unanimes applaudissements.
Documents d'Archives
1. Plan des lieux où sera posé le monument aux morts de Fillièvres - 29/07/1922
Source : Archives du Pas-de-Calais, Série 2O/2239
Source : Archives du Pas-de-Calais, Série 2O/2239
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