L’inauguration du monument aux morts d’Héricourt
On nous écrit :
Dimanche dernier, la commune d’Héricourt a glorifié ses enfants morts pour la France par l’inauguration d’un monument, destiné à perpétuer leur mémoire parmi les générations futures.
A 10 heures, une messe de Requiem fut célébrée par M. l’Abbé Deremetz qui prononça une touchante allocution.
Les rues étaient pavoisées, des arcs de triomphe, des guirlandes multicolores formaient avec les trois couleurs le plus bel effet.
A 2 heures de l’après-midi, le cortège quittait l’école, conduit par un mutilé portant le drapeau. En tête marchaient les enfants de l’école, de gentilles alsaciennes élevaient un demi-cercle fleuri formant une sorte de diadème au-dessus des couronnes au travers desquelles apparaissaient en lettres dorées portés par des petites infirmières les noms des braves ; les garçons, revêtus de l’écharpe tricolore levaient fièrement leur drapeau ; d’élégantes jeunes filles les suivaient avec de jolies gerbes de fleurs, puis les combattants, M. le Maire entouré du conseil municipal, enfin les familles des Morts pour la Patrie. Le long du cortège circulaient d’aimables quêteuses conduites par des jeunes gens décorant d’insignes les assistants.
A la sortie des Vêpres, M. le Curé, devant la foule assemblée, bénit le monument qu’un ancien soldat dévoila. Un des glorieux combattants lut à haute voix le nom de nos héros tombés au champ d’honneur et, à l’appel de chaque soldat, une enfant déposait sa couronne au pied du monument et répondait : Mort pour la Patrie.
Puis M. le Maire, vibrant d’émotion lut un discours dans lequel il glorifia nos poilus vivants ou morts qui furent les véritables vainqueurs auxquels vont toutes nos pensées reconnaissantes et dont le sacrifice n’a pas été stérile ; il fit appel à l’union pour le salut de la Patrie, adressa quelques paroles touchantes aux familles éprouvées.
Un ancien soldat au nom des combattants prononça une éloquente allocution, il rendit hommage à ses camarades qui n’ont pas échappé au cataclysme de la grande guerre, salua ces héros, leur promit de continuer l’œuvre pour laquelle ils ont sacrifié leur vie. Il rappela à la population que, quelque soit la mort de ces enfants d’Héricourt : emportés par la mitraille ou la maladie ou la captivité, tous ont droit à notre éternelle reconnaissance. Puis, s’adressant aux enfants, il leur demande de respecter ce monument, de saluer cette pierre sacrée où sont gravés les noms de leurs frères aînés, morts pour la défense du droit et de la Justice.
Ensuite, les enfants de l’école entonnèrent un chant « Fête des Morts ». Deux gentilles fillettes, l’une costumée en infirmière, l’autre en alsacienne, déclamèrent de touchantes poésies : leur diction, leur ton émouvant trahissaient leurs sentiments d’admiration et de reconnaissance ; les assistants en furent pour elles nos plus sincères félicitations.
L’hymne aux Morts pour la Patrie entonné par les anciens élèves, termina cette grandiose manifestation.
Nous adressons nos sincères remerciements aux généreux donateurs qui nous ont permis d’élever ce monument et au conseil qui s’est chargé de l’érection.
Nous remercions Mlle Bocquillon l’organisatrice de cette fête patriotique ainsi que les jeunes gens, les jeunes filles et les dames qui ont bien voulu par leur concours rehausser l’éclat de cette touchante cérémonie.
Merci aussi à tous nos invités.
(article paru dans L’Abeille de la Ternoise, du 7 novembre 1920)