HERNICOURT - SAINT MARTIN

Le monument aux morts d'HERNICOURT SAINT MARTIN

L’inauguration du monument aux morts d'Hernicourt Saint Martin


Une cérémonie toute de recueillement s’est déroulée le dimanche 12 juin au hameau de Saint-Martin. Il s’agissait d’honorer publiquement et solennellement les onze enfants que le hameau avait offerts à la Patrie.

Le matin à 11 h 30, une messe en musique fut célébrée devant une assistance nombreuse. M.. le Curé sut gagner les cœurs et les émouvoir par un sermon où il rappela comment nos soldats étaient tombés pour la défense de leurs foyers et de leurs autels, « pro aris et focis ».

L’après-midi, un cortège se forma sur la route de Sautricourt. Il défila jusqu’à l’église, parmis les fleurs, les oriflammes et sous les arcs de triomphe élevés un peu partout, avec autant d’empressement que de goût.

En tête, s’avançait le clergé, suivi des enfants des écoles avec leur maître et maîtresse, la municipalité, les parents des décédés, la couronne, les délégations de Gauchin et de Troisvaux, les Anciens combattants d’Hernicourt, les sociétés de tir locales et le public.

M. le curé donna l’absoute puis la bénédiction du monument eu lieu. L’instant fut émouvant quand le voile tomba et quand M. le Curé prit une seconde fois la parole pour exalter les vertus de nos chers morts. Plus de 80 enfants, aux couleurs tricolores, les filles et les fillettes de blanc vêtues et costumées en Alsaciennes, écoutèrent la voix des martyrs que glorifièrent hautement, en des paroles pleines d’émotion, M. Lucien Flament, président des anciens combattants d’Hernicourt, M. Henri Boitel, au nom des anciens combattants de Saint-Martin, M. Paul Tierny, maire, président de la fête, au nom de la municipalité et de la population tout entière.

Une couronne fut déposée au pied du monument par MM P. Delay et C. Masclet et un De Profundis termina la cérémonie religieuse.

Le cortège descendit alors pour aller se masser dans la cour de l’école où une démonstration patriotique fut faite par les enfants de l’école de Saint-Martin. M. Lesieux, instituteur, donna lecture du Livre d’Or, résumé des principaux évènements de guerre, coupé par l’appel des morts et par la remise de diplômes aux familles des héros. Des chants patriotiques furent interprétés avec le concours de Mlle G. Tierny, des pièces de vers de circonstance furent déclamées avec âme par garçons et fillettes.

Les fillettes et les jeunes filles allèrent déposer leurs magnifiques bouquets, gerbes et couronnes de fleurs au pied du monument, après que M. Paul Tierny les eut félicitées de leur belle et bonne tenue.

Les vins d’honneur furent offerts dans la salle de classe et chacun se retira terminant dans le recueillement cette journée de glorification des enfants de Saint-Martn « Morts pour la France ».

Ci-après  nous reproduisons le beau discours de M. Tierny :

 « Au nom de la population de Saint-Martin et du conseil municipal, je viens apporter un public hommage de reconnaissance à ceux qui sont morts pour nous défendre.

C’est un honneur sans doute que d’exprimer ce que tous vous éprouvez, mais vous comprenez ce qu’il a de pénible et de personnellement douloureux, puisque la liste de nos morts qui commence par le nom des fils d’un de nos amis et conseiller, se termine par le nom de mon dernier fils, le plus jeune de tous ceux qui y sont inscrits, - il avait 20 ans et quelques mois ! … Mais nous devons surmonter notre émotion et faire taire nos plaintes puisque, eux, pendant leur vie, au milieu des labeurs et des dangers, ils ne voulaient pas être plaints.

On réservait autrefois les arcs de triomphe aux guerriers qui revenaient vainqueurs, nous, c’est à nos morts que nous les élevons ; ils ont vaincu la crainte ; ils ont vaincu la mort et c’est en vainqueurs que nous voulons les honorer au delà du tombeau.

Il me semble que je les revois vivants, ces premiers appelés de 1914, au moment où la guerre éclata en coup de foudre sur nos populations paisibles et résolues. Eux aussi ils étaient prêts à faire leur devoir ; ils l’ont accompli jusqu’aux sacrifices d’eux-mêmes ; la lecture des ordres du jour qui les glorifient, les croix de guerre, les médailles militaires, les citations qu’ils ont mérites le proclament en des termes que je voudrais reproduire.

Et au milieu des plus grandes souffrances, combien ils restaient attachés à leurs familles, à leur village, à nous tous ; bien plus préoccupés de nos peines et de nos difficultés (j’en appelle aux souvenirs des combattants qui m’entourent) que du danger qu’eux-mêmes affrontaient tous les jours. Je ne puis me rappeler sans émotion les craintes qu’ils manifestaient en avril 1918, quand la poussée victorieuse de l’ennemi sembla menacer de l’invasion notre pays de Saint-Pol.

Pourvu que vous ne soyez pas envahis ! écrivaient-ils dans leurs lettres.

Peu leur importaient les peines et les fatigues et leur vie chaque jour exposée, mais leur pays, leur maison dévastée, leur famille foulée et brutalisée, voilà ce qu’ils redoutaient pardessus tout ; et j’en sais qui, pour éviter un pareil malheur, faisaient généreusement le sacrifice de leur vie.

Eh bien ! je vous le demande, quand l’amour d’autrui et l’oubli de soi-même sont poussés à ce point, n’est-ce point l’acte de charité héroïque qui caractérise les vrais martyrs ? C’est la doctrine de l’Eglise, c’est aussi le cri de nos cœurs reconnaissants ; la religion et la patrie

« Il faut qu’à chaque foyer, à côté des images saintes de la religion, les diplômes, les croix de guerre, les portraits de nos braves soient suspendus, il faut que l’enfant apprenne à les connaître et à les vénérer, en même temps qu’il apprendra à comprendre. »

(L’Abeille de la Ternoise, des 19 juin et 3 juillet 1921)


Retour à la page d'accueil