MAISNIL-LES-SAINT-POL et NEUVILLE-AU-CORNET

Le monument aux morts de MAISNIL-LES-SAINT-POL

L’inauguration du monument aux morts de Maisnil et Neuville-au-Cornet

Malgré le temps incertain une population nombreuse, venue de Maisnil, de Neuville-au-Cornet et des localités environnantes, a participé, dimanche dernier, à la belle cérémonie patriotique organisée par les municipalités de Maisnil et de Neuville-au-Cornet.

A 4 heures, les membres de ces assemblées reçurent, à la mairie de Maisnil, MM Henri Marais, sous-préfet de Saint-Pol, et Dupire, conseiller général, qui devaient présider la cérémonie. Puis un cortège, précédé des enfants des écoles, des anciens combattants et des familles, se rendit au cimetière où est élevé le monument à nos glorieux morts.

M. le Curé de Maisnil, après avoir béni le monument, prononça une belle allocution patriotique. Puis M. Penet, maire de Maisnil, prit la parole en ces termes :

« Monsieur le Sous-Préfet, Messieurs,

C’est pour payer une dette de reconnaissance à la mémoire de nos chers et glorieux compatriotes, tombés au champ d’honneur pour la défense de la Patrie, que nous sommes réunis aujourd’hui.

Depuis le jour inoubliable de la libération, leur pensée ne nous a pas quittés : notre unique souci a été d’élever à leur mémoire un monument qui fut à la fois digne d’eux et digne de nous. Ce monument, nous l’avons tous désiré et voulu : il sera, pour nos morts héroïques, le témoignage d’une reconnaissance et d’un culte que les années n’amoindriront pas : pour les vivants, ceux d’aujourd’hui comme ceux de demain, il sera le symbole de l’union, de la concorde, de la paix que rien ne saurait troubler.

L’union, elle a été aux jours mauvais l’une de nos meilleures raisons d’espérer ; plus tard, elle nous a donné la victoire. »

Elle continuera parmi nous son action bienfaisante si l’avenir redevenait quelque fois sombre ; elle viendra à bout des éléments de désordre que nous voyons s’agiter en face de l’ennemi tombé, mais désireux cependant de se relever pour secouer le joug.

Nous en faisons ici la promesse solennelle à nos héros disparus ; comme eux, nous serons forts et, pour être forts, nous jurons d’être unis.

Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Conseiller Général,

Votre présence au milieu de nous est un honneur auquel nous sommes très sensibles, mais nous voulons le faire remonter plus haut et plus loin. Il va à ceux qui sont maintenant entrés dans la gloire, la gloire infiniment belle des martyrs, la gloire des héros qui, en donnant leur sang, ont su faire de leur pays, la patrie commune de la religion, du droit, de la justice et de la civilisation.

En leur nom et au nôtre, Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Conseiller Général, merci ! »

M. Rose, Maire de Neuville-au-Cornet, prononça le discours suivant :

« Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Conseiller général, Messieurs, Mesdames,

Bien que ce soit pour moi un pénible devoir de parler aujourd’hui (mais ne faisons pas de ce jour un jour de deuil), comme maire de la commune de Neuville-au-Cornet, je manquerais à ma tâche si je ne priais pas M. le Sous-Préfet et M. le conseiller général du canton de Saint-Pol, de vouloir bien accepter les plus vifs remerciements de la municipalité et de la commune toute entière, qui leur seront toujours reconnaissants d’avoir bien voulu présider la cérémonie patriotique d’aujourd’hui.

2 août ! Comment pourrons-nous oublier cette date terrible !

Nous vîmes partir nos enfants, nos frères, nos amis, calmes et décidés, pour la défense de tout ce qu’ils aimaient, pour la défense de notre chère France ! L’année fatale, pour nous, habitants de Neuville-au-Cornet, fut l’année 1915, pendant laquelle cinq des braves que nous pleurons furent tués ou disparurent.

Nous revivrons souvent les heures angoissantes de 1918 ; toujours sur le qui-vive, nous nous demandions si le Boche allait réussir dans ses derniers efforts, si à notre tour, malgré les prodiges résistances de notre vaillante armée, nous n’allions pas connaître les malheurs de l’invasion barbare !

Mais non ! nos héros tinrent ferme ; ils opposèrent superbement leurs poitrines à la ruée maudite, qui fut la dernière de la bête réduite aux abois.

Où reposent nos chers soldats morts ou disparus dans la fournaise horrible ? Un peu partout, le long du front immense. Il vous est malheureusement impossible d’aller fleurir leur tombe ou de pouvoir y prier.

Mes chers héros, votre souvenir est en nous, nous pensons à vous, nous penserons toujours à vous. Dormez en paix !

Que votre sacrifice sublime vaillamment consenti ne soit pas inutile. Ce serait trop terrible de ne pas avoir cette consolation suprême.

La France est sauvée, grâce à vous, mais l’horizon n’est pas encore éclaircis complètement. C’est à nous de veiller et de parachever votre œuvre. Restons donc l’arme au pied, soyons fermes, afin de rester dignes de vous, tant que nous n’aurons pas obtenu l’exécution intégrale de la paix juste qui doit panser les blessures de notre chère patrie.

Ce monument rappellera aux anciens votre abnégation et votre dévouement ; il montrera aux générations futures que vous avez su faire tout votre devoir jusqu’au suprême sacrifice.

Je fais le serment de veiller qu’il soit transmis intact à nos enfants et digne des noms glorieux qui y sont gravés.

Vive notre grande et belle France immortelle ! »

Enfin MM Dupire, le dévoué conseiller général, et Henri Marais, sous préfet, rendirent, en termes excellents, un hommage aux morts et remercièrent, les habitants des deux communes et leurs représentants, de leur patriotisme.

(Article paru dans L’Abeille de la Ternoise, du 18 avril 1920)



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