L’inauguration du monument aux morts de Nuncq
Le 30 octobre 1921, marquera comme une journée magnifique dans le souvenir des habitants de Nuncq.
Dès le matin, toute la population avait tenu à enguirlander et pavoiser le village sur le parcours que devait suivre le cortège. Chacun rivalisait de zèle pour embellir arcs de triomphe et devantures des maisons et pour 9 h, un superbe coup d’œil s’offrait aux voyageurs venant de Saint-Pol ou de Frévent, ou se dirigeant vers Boubers.
A 9 heures et demie, à la Mairie, se formait le cortège que rehaussait la présence de la fanfare de Rollepot, et dans lequel on remarquait M. Dupire, conseiller général, qui avait bien voulu présider la cérémonie du matin, M. Willerval de Séricourt, conseiller d’arrondissement, le conseil municipal au complet, les anciens combattants, des jeunes filles costumées, les élèves des écoles.
Le cortège se rendit à l’église, magnifiquement décorée mais trop petite pour la circonstance. Dans le choeur, la tombe du soldat inconnu, compose d’herbes des champs avec la simple croix de bois, surmontée d’un casque de poilu, avait quelque chose de saisissant.
A l’issue de la messe, il fut procédé à la bénédiction du monument. M. le Curé de la paroisse, vénérable vieillard, adressa des paroles enflammées à la nombreuse assistance. On rendit visite ensuite aux tombes des deux soldats, morts au champ d’honneur, et ramenés dans la petite nécropole. Devant chaque tombe, quelques phrases furent dites par un ancien combattant et M. le conseiller général glorifia la mémoire de ces héros.
L’après midi, sous les pâles rayons d’un soleil d’automne, la cérémonie prit un aspect plus impressionnant encore. A 3 heures, le cortège s’ébranlait dans l’ordre suivant :
Poilus en armes et drapeau déployé ; gracieuse France conduisant deux petits zouaves, enfants costumés ; France souriante retrouvant l’Alsace et la Lorraine ; aimable poilu conduisant par la main l’Alsace et Lorraine, ravissantes dans leur costume et suivies de petits Alsaciens et Lorraines ; Jeanne d’Arc, étendard en main, superbe sur un cheval richement caparaçonné et conduit par un gentil écuyer en livrée ; France en deuil suivie d’infirmières et des familles éprouvées ; anciens combattants de Nuncq suivis d’une délégation des anciens combattants de Flers ; conseil municipal avec M. Willerval de Séricourt, conseiller d’arrondissement ; le clergé, MM. Les Maires des communes avoisinantes, musique et public.
Dirigé par de jeunes et énergiques commissaires, le cortège se déroula dans un ordre parfait, aux accents entraînant des cuivres et des tambours et, par les rues de Boubers, rue Neuve, Chemin de Ligny, route Nationale, route d’Ecoivres, se rendit sur la place, au pied du monument.
Après les vibrants accents de La Marseillaise, s’étaient-ils éteints que le voile tombait. M. Vicart, maire, dans une chaude allocution, remit le monument à la garde des habitants de Nuncq, et fit l’appel des morts.
Un ancien combattant déclama le poème de Botrel : « Pour nos morts, sonnez clairons ! » et recueillit les bravos de toute l’assistance. Ce même poilu prononça un discours ému où il exalta l’héroïsme de ses frères d’armes morts au champ d’honneur.
Après lui, une jeune fille, identifiant la France, déclama avec âme un poème composé pour la cérémonie.
M. Willerval de Séricourt termina par un appel à l’union, au travail et au respect de nos chers morts !
M. le Maire adressa ses remerciements à tous, et cette belle fête prit fin avec La Marseillaise, écoutée religieusement.
Les vins d’honneur furent servis à l’Ecole et ainsi s’acheva cette cérémonie du Souvenir qui s’était déroulée à la satisfaction général et dans le plus grand recueillement.
Habitants de Nuncq, vous faites bien les choses. Vous avez convenablement honoré vos morts, vous nous avez fait passer une journée admirable, mêlée de recueillement et de joies. Merci !
(article paru dans L’Abeille de le Ternoise, du 6 novembre 1921)