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L'inauguration du monument aux morts de Séricourt |
La cérémonie patriotique à Séricourt se traduit par la cérémonie d’inauguration du monument érigé au carrefour. Les enfants des écoles et les familles des soldats morts précèdent les autorités. Le sous-préfet, Henri Marais, Willerval de Séricourt, Maire de Séricourt ; Goubet, conseiller général de Bapaume, réfugié à Bonnières Le Maire prend la parole : « Il s’agit d’honorer les
Morts de notre commune, les Morts de la Grande Guerre. Nous avons voulu que nos
héros (car ce sont tous des héros, ceux qui ont combattu, versé leur sang et
donné leur vie pour nous, pour la patrie) ne fussent jamais oubliés. C’est donc
pour commémorer leur souvenir que nous avons érigé ce monument à nos chers
morts. Il y a cinq ans, à peu près
jour pour jour, (c’était le 1er août 1914) vous vous en souvenez
comme moi, pères et mères qui m’écoutez et vous, les appelés d’alors qui nous
êtes revenus, toutes les cloches de nos villes et de nos villages annonçaient
par toute la France, des Pyrénées aux Vosges et de la mer du Nord à la
Méditerranée, l’ordre de la mobilisation. C’était la guerre à bref délai ;
oui, la guerre que l’on nous cherchait sournoisement depuis de longues années,
la plus terrible des guerres que l’on eût encore vues. A cet appel, sorti de nos
clochers, à cette grande voix de la France, un grand souffle de patriotisme,
comme nous n’en avions pas ressenti depuis longtemps, nous fit
tressaillir : à l’instant même, nous quittions nos travaux ; nos
champs se faisaient déserts, nos usines se vidaient et sur nos places publiques
ce n’étaient que rassemblements et conversations sur le grand cataclysme qui
allait se déchaîner. La patrie était en danger ; tous ses fils
répondaient : Présents ! Hélas ! si les mères ne
cachaient pas leurs angoisses et leur douleur, - car les mères n’aiment pas les
combats – les pères, les maris, les jeunes gens tenaient tous à peu près ce
langage : « Il fallait que cela vint ! Il faut en finir avec
cette Allemagne qui nous cherche querelle depuis si longtemps. Nous saurons
tous faire notre devoir ». Le lendemain, la mobilisation
commençait : Nous n’oublierons jamais le départ de nos défenseurs, leurs
adieux si touchants, mais si confiants à la fois dans les destinées de la
Patrie et dans le succès final. Permettez-moi de vous rappeler
sur quelles paroles l’un de nos voisins nous quittait : « Je pars, je
ne reviendrai peut-être pas, mais nous serons vainqueurs ; j’ai bon pied,
bon œil, et j’en descendrai plus d’un ! » Hélas ! non il n’est pas
revenu celui qui nous parlait ainsi, mais nous sommes certains qu’il a fait
noblement son devoir et que ses vœux ont été réalisés. Et ce que nous disait ce
brave, dans ces morts si simples mais si énergiques, tous ses camarades, tous
les appelés le répétaient dans un langage plus ou moins varié. Et c’est au milieu d’un
enthousiasme général que tous les enfants de la France sont partis, bien qu’ils
sussent à l’avance à quels ennemis nous avions à faire, et combien la guerre
serait pénible et cruelle. C’est donc pour perpétuer à
jamais le souvenir des enfants de Séricourt, qui ont donné leur vie à la
patrie, que nous élevons ce monument. O Soyez Jean-Baptiste, tué à
Vauquois ! O Levert Joseph, mort de vos
blessures ! O Levert Emile, tué à la ferme
de l’Hôpital ! O Flour Emile, tombé dans
l’Aisne ! O Verrier Jules, décédé en
Haute-Alsace ! O Copin Henri, tué en
Belgique ! Vos noms, soyez-en bien
certains sont gravés dans nos cœurs, en même temps que ce sur ce marbre. Dormez en paix ! Jamais,
jamais vous ne serez oubliés ! Vos enfants, de génération en
génération, liront vos noms et fleuriront, à défaut de vos tombes, ce monument
qui les symbolise et que nous avons placé bien
dessein près de notre école. Et vous tous, pères, mères,
épouses, frères, sœurs, neveux, nièces et amis, soyez fiers de nos chers
disparus et pleurez-les moins en pensant qu’ils ont donné leur vie pour vous,
pour nous, pour la France entière ! Gloire ! Gloire !
Gloire ! Honneur à eux ! Oui, répétez avec moi : Gloire à eux ! Gloire à nos braves ! » Puis, en des termes excellents, M. Peltret, Inspecteur Primaire de Saint-Pol, remercie la municipalité de Séricourt, et Monsieur le Maire, en particulier, d’avoir pensé à associer la jeunesse des écoles à cette belle cérémonie ; il faut, ajoute M. Peltret, que tous les enfants de Séricourt retirent de cette manifestation patriotique les enseignements qu’elle comporte. Dans une improvisation émue, Henri Marais, sous-préfet de Saint-Pol, loue les nobles soldats morts au service de la Patrie ; et il proclame la nécessité qui s’impose à tous de se montrer digne de leur sublime sacrifice. Monsieur Lenain, adjoint au maire, exprime la reconnaissance des habitants de Séricourt pour leur maire, qui a pris l’initiative de la cérémonie. Deux fillettes récitent deux poésies de circonstance. Willerval de Séricourt prononce cette allocution : « Après avoir rendu à nos
Morts, le tribut d’hommage et de souvenir qui leur est dû, il me reste un
devoir bien agréable : celui de remercier les mères et les femmes de
Séricourt, pour le courage qu’elles ont montré pendant la guerre, en l’absence
de leurs fils et de leurs maris : si nos champs ont continué à être
cultivés et nos maisons tenues avec soin, c’est à elles que nous le devons en
grande partie. Comme toutes les femmes de
France, elles ont combattu à l’arrière, et si la lutte qu’elles ont soutenue
n’était pas aussi dangereuse que celle nos soldats, elle n’était pas moins
utile et nécessaire ; en effet, vous savez comme moi, Messieurs, que c’est
grâce à l’énergie de toutes les Françaises, que nous avons pu tenir pendant une
aussi longue lutte. Merci aussi à tous ceux et à
celles, qui, par leur souscription, nous ont permis l’érection de ce monument. Merci à M. le sous-préfet, qui
a bien voulu par sa présence parmi nous, honorer la mémoire de nos chers
disparus et qui, à mon invitation, a répondu sans hésitation aucune :
« M. le Maire, pour vos Morts, je suis avec vous ! » Merci à M. Goubet, conseiller
général de Bapaume, qui, évacué dans notre région, a voulu rendre aussi hommage
à nos vaillants enfants tués dans la grande guerre. Merci à M. l’inspecteur
primaire, nouvellement arrivé dans notre arrondissement et qui s’est fait un
devoir de se joindre à nous pour honorer les morts d’une des plus petites
communes de sa circonscription. Merci également à toutes les
personnes ici présentes qui assistent en aussi grand nombre à cette cérémonie
et qui par là s’associent à notre deuil. Merci à Mlle Herlin,
institutrice, pour le concours si dévoué qu’elle nous a apporté en cette
circonstance, et qui nous a promis, avec l’aide de ses élèves, d’entretenir et
de fleurir de ce monument. Merci à M. le Président et aux
membres d’administration de la musique de Rollepot, pour l’empressement qu’ils
ont mis à nous prêter leur concours dans cette fête dédiée à nos chers défunts. Merci enfin aux Musiciens et à
M. Copin, leur chef, qui ont su rehausser notre petite cérémonie par
l’exécution de morceaux si bien choisis pour la circonstance. Pour la Patrie en danger, la
France entière s’est dressée ! Pour fêter nos Morts, nous sommes également
tous debout. Encore une fois, Merci ! Merci ! Merci ! » Ajoutons que la fanfare de Rollepôt fit entendre des pages musicales choisies pendant le cours de la cérémonie. |
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