SOMBRIN

Le monument aux morts de SOMBRIN

L’inauguration du monument aux morts de Sombrin


24 avril 1921 ! Belle et bonne journée pour Sombrin ! – Toute la population – conseil municipal et Compagnie de Sapeurs-Pompiers en tête, - assistait au service solennel à 10 h 30. La forme même du monument érigé dans une enclave du cimetière inspira à M. le Curé, les idées d’un sermon qui fit plaisir et grand bien à toute l’assistance. La table de pierre où brillent les noms des soldats ; noms de baptisés, noms porteurs d’idées et évocateur d’images, qui font revivre les physionomies des disparus et les rassemblent en ce coin de terre formée de la poussière des ancêtres ; noms de Saints marqués au Livre de Vie … Puis la palme qui surmonte la liste funèbre : attribut décerné aux vainqueurs, aux héros, aux martyrs et que les Anges Gardiens de nos guerriers, précédant le geste des enfants de la terre, ont portée devant Dieu aux jours de sacrifice. La croix, donnant à la pierre comme une envolée vers le Ciel, apparaît au sommet : signe de Rédemption, symbole d’expiation et de glorification pour les victimes, source d’espérance et de consolation pour les orphelins, les veuves, les parents éprouvés par la guerre.

Le ciseau du sculpteur ayant tracé des épées nues dans les angles de la Croix et des fusils en faisceaux sur la colonne de marbre, M. le Curé fait bien remarquer que ce ne sont pas là des armes brisées, jetées au rancart, mais des armes au repos. L’heure présente obligera peut-être à rompre ces faisceaux en vue d’une démonstration militaire, à tenir haute l’épée de la France pour tirer, du vaincu, l’aveu de sa défaite et le respect de ses obligations ; être forts, redoutables aujourd’hui et demain, telle est la leçon que donnent ces attributs guerriers, afin que la Victoire porte ses fruits, que les dommages soient réparés et que la Paix ne soit pas un vain mot.

La bénédiction du monument eut lieu après l’absoute, devant les autorités municipales et toute la paroisse assemblée.

Après-midi, dès 2 hures, des sonneries annoncent l’arrivée de Sapeurs-Pompiers de Saulty, de Bavincourt, de Sus-Saint-Léger, d’Humbercourt. Tout le village est en rumeur. La Mairie ouvre ses portes aux représentants des différentes communes du canton, les anciens combattants y reçoivent bon accueil quand sonne l’heure du vin d’honneur, gracieusement offert par les jeunes filles de Sombrin. L’assistance est au complet quand le ronflement d’une auto annonce l’arrivée de M. Amédée Petit et Bouillet. C’est l’heure du défilé. Tout porte à l’entrain car les rues sont pavoisées, dix arcs de triomphe superbes étendent, sur le parcours, les gaies couleurs et leurs gracieux dessins, la population des environs est accourue par curiosité et par sympathie, une foule joyeuse et pourtant recueillie se porte vers le monument. Chansons, monologues, chœurs patriotiques parfaitement exécutés par les enfants de l’école et par un groupe de jeunes filles alternent avec l’appel aux morts et les discours de M. le Maire qui souhaite la bienvenue aux invités, aux assistants et les remercie : du commandant des Pompiers qui fait un rapide historique de la Guerre et salue les noms de ceux qui sont tombés au champ d’honneur ; de M. Bouillet qui retrace à grands traits l’héroïsme des soldats et des populations rurales pendant les hostilités ; enfin, de M. Petit, qui fait entendre des paroles justes, sages et réconfortantes : respect et souvenir des morts, union complète de tous les Français, punition de l’Allemand qui nous a attaqués, ravagés et qui doit réparer coûte que coûte, amour de la Patrie, qui doit faire de tous les Français de bons citoyens. La foule écoute, applaudit, fait siennes ces bonnes et fortes résolutions.

De nouveau les clairons sonnent pour la reprise du défilé et la fête s’achève dans l’allégresse générale.

TESTIS

PS : un concours à la carabine étant institué en faveur des sociétés de Pompiers. Ce sont les « As » de Bavincourt qui ont remporté le premier prix : 60 fr. C’était écrit.

(Le Courrier du Pas-de-Calais, 1921)



Retour à la page d'accueil