Le dimanche 15 août, par un temps très favorable, au milieu d’une grande assistance, a été inauguré à Vaulx le monument élevé à la mémoire des cinq enfants morts au service de la Patrie pendant la grande guerre.
Présidaient : MM Harduin, conseiller général du canton d’Auxi-le-Château, et Alfred Bruhier, maire de Vaulx, l’âme de toute l’organisation, accompagnés de MM Aimé Goubet, conseiller général de Bapaume, réfugié dans la région, et Dournel, maire du Ponchel.
A côté des membres du conseil municipal, avaient pris place, au milieu des enfants su pays, heureux de s’y retrouver, MM Rosselet, conseiller référendaire de la Cour des Comptes, Clercq, adjoint au maire d’Auxi-le-Château, Pezé, professeur au collège de Calais.
Les pompiers du Ponchel, la musique de Gennes-Ivergny, sous la direction de M. Petipré, prêtaient leur concours.
La population, qui ne dépasse pas 200 habitants, s’était unanimement dévouée pour la réalisation d’un magnifique décor. L’emplacement choisi est la place du pays, site élevé, autour duquel se trouvent groupés la mairie, l’école, l’église, le château. La voie montante qui y donne accès, découpée par quatre élégants portiques était bondée, sur un parcours de 300 mètres, de guirlandes fleuries, heureusement diversifiées ; la place elle-même offrait le plus gracieux aspect.
Des discours d’un beau souffle patriotique y furent prononcés par M. Limeux, au nom des combattants, M. Bruhier, M. Harduin, M. Goubet, M. Pezé. Des poésies choisies, des chants bien exécutés complétèrent avec la musique un excellent programme.
Le matin, un service religieux très suivi fut célébré pour nos morts. Ce fut pour ce petit village si attrayant, une grande journée, et elle laissera chez tous un impressionnant souvenir.
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Source : L’Abeille de la Ternoise, du 29 août 1920
Nous compléterons aujourd’hui notre bref compte-rendu de l’inauguration du monument du souvenir qui eut lieu à Vaulx, le 15 août.
Le succès si complet de cette fête, pour laquelle la population unanimement se dévoua, est toutefois dû pour une bonne part, à l’instituteur, M. Fourrier, qui se dépensa sans compter, et aussi à Mme Fourrier, qui réussit à donner aux groupes d’enfants, fleuris et ornés aux couleurs nationales, le plus gracieux aspect ; aux jeunes filles, symbolisant nos provinces retrouvées, les costumes les plus appropriés.
Des discours qui furent prononcés nous ne citerons, faute de place, que la péroraison de celui de M. Pezé. Après avoir montré que nos héros sont bien et uniquement les victimes du crime allemand, que la guerre fut conduite par nos ennemis avec une extrême barbarie, après avoir exalté le courage du poilu, il montra la beauté de l’emplacement choisi, la place du village, site élevé, d’où la vue s’étend au loin et heureusement bordé par la mairie, l’école, l’église et le Château. Il termina :
« Cette large voie
montante conduisant aux divers parvis sera demain le chemin d’un noble
pèlerinage. Jeunes gens, qui avez à combler les vides laissés par vos aînés,
vous n’oublierez pas que vous leur devez les fruits d’une victoire qu’ils ont
su gagner. Conscrits des classes futures, vous viendrez ici chaque année
déposer en hommage une gerbe de fleurs, relisant avec admiration les noms de
ceux qui ont si bien su dicter votre devoir. Et si, contre toute espérance, il
vous fallait, à votre tour, défendre notre frontière, c’est devant cette
pierre, comme devant un autel, que vous viendriez retremper votre courage,
élever vos âmes, pour marcher sur leurs traces.
Vous tous qui pleurez un époux
ou un père, un fils, un frère, un ami, vous vous arrêterez devant ce mausolée
matérialisant leurs ombres, revivant avec eux ; leur souvenir est si
profondément gravé dans vos cœurs. Aujourd’hui, faites trêve un instant à votre
grande douleur ; femmes, relevez vos voiles de deuil ; regardez-les,
soyez-en fiers ; voyez comme ils sont grands dans cette apothéose !
Ecoutez-les : Nous ne
regrettons point, êtres aimés, disent-ils, d’avoir versé notre sang pour qu’il
fut le prix de la victoire, la rançon de votre liberté, mais faites que ce ne
soit pas en vain. Continuez dans la paix, la fraternité, l’œuvre des tranchées.
Travaillez, aimez-vous.
Tous, nous répondrons à leur
vœu, tous nous voudrons nous élever jusqu’à eux dans l’esprit de sacrifice.
Traduisons notre serment par ce cri qui déborde de nos cœurs, monte sur nos
lèvres, d’un seul élan, répétons : « Vive la France ».
Documents d'Archives
1. Plan de l'emplacement du monument aux morts de la Commune d'Heuchin - 31/05/1920
Source : Archives du Pas-de-Calais, Série 2O/838/1
2. Croquis du monument aux morts de Vaulx - 06/12/1920
Source : Archives du Pas-de-Calais, Série 2O/838/1