| Le 26 mars, ont lieu les funérailles du soldat François HAINAULT à Flers. Cette cérémonie est relaté par L’Abeille de la Ternoise à travers la retranscription du discours d’Arthur Hermetz, président de l’association des anciens combattants, qui lui adresse un adieu suprême en ces termes : "Si nous sommes réunis si nombreux aujourd’hui, cést pour saluer la dépouille mortelle d’une de nos plus chers camarades que les champs de bataille nous rendent enfin. François Hainaut naquit à Flers en 1887. Sa jeunesse et son adolescence furent celles des jeunes gens de nos campagnes ; d’un caractère naturellement gai, d’une humeur toujours égale, il supportait sans récriminer jamais la pénible tâche des lourds travaux des champs. Le jour où la Patrie, en danger, fit appel à tous ses enfants, François partit avec ses camarades, quittant sans hésiter ses parents en larmes pour rejoindre le 1er régiment d’infanterie, à Cambrai ; versé ensuite au 201è, il fut blessé une première fois d’une balle de shrapnell à la poitrine en août 1915. Renvoyé au dépôt, il fut ensuite versé au 300è. Son nouveau régiment, dissous, François Hainaut fut affecté au 21è colonial, car, dans ces régiments d’élite, les vides à combler étaient souvent nombreux. Intoxiqué en février 1918, notre vaillant camarade, titulaire de la croix de guerre, obtient une convalescence et sa joie est grande de pouvoir passer quelques jours auprès de sa bonne vieille maman, restée dans la demeure si gaie jadis, si triste aujourd’hui. François rejoint à nouveau ses camarades et cette fois, cést la terrible et suprême ruée des Boches, dans laquelle on voit poindre, pour nos armées, les premières lueurs de la victoire finale. Août ! Septembre ! Octobre ! L’ardente poursuite est commencée. Léspoir renaît dans tous les coeurs et comme dans un rêve prochain, le vieux clocher, la maisonnette, tous les êtres aimés laissés là-bas passent devant les yeux ravis de nos héroïques soldats ; la victoire est désormais certaine, mais hélas ! de combien de sang, de combien de larmes faut-il l’acheter encore ! Le 21è colonial doit sémparer à tout prix du village de Bazaincourt, l’ordre est formel, l’attaque est commencée, de violentes rafales de mitraille balaient furieusement le terrain ; François Hainaut, blessé grièvement d’un éclat d’obus, est transporté par un camarade au poste de secours le plus proche, mais la mort a fait son oeuvre et le corps inerte de notre brave petit soldat, sentinelle glorieuse, repose pendant plus de trois ans sur cette terre de Champagne qu’il avait si vaillamment reconquise. Un décret du 19 octobre 1919 vint accorder à notre courageux camarade la médaille militaire à titre posthume avec la citation suivante : "François Hainaut, 21e colonial. Excellent soldat. Est tombé glorieusement au champ d’honneur le 7 octobre 1918, à Bazancourt (Marne) en faisant brillamment son devoir". Les paroles sont impuissantes à calmer la douleur d’une famille en d’aussi pénibles circonstances, mais puisse notre affectueuse compassion et toutes nos condoléances apporter quelque réconfort à leur peine. Mon cher François, Ta vieille maman, tes frères et soeurs, tes camarades pleurent en ce moment sur ta tombe, mais notre douleur est mélangée d’une grande fierté et notre petit village peut sénorgueillir à juste titre d’avoir donné de tels fils à la France ; tu as donné la dernière goutte de ton sang pour la liberté et, du sacrifice de ta jeunesse, est né léspoir des futures générations. Ton nom, cher camarade, est déjà inscrit sur notre beau monument, mais ton souvenir, nous le jurons tous, restera éternel. Au nom des anciens combattants de Flers, en mon nom personnel, mon cher cousin, adieu." |
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