D’abord porté comme disparu, son corps a été retrouvé lors de la retraite définitive des Allemands. Au cimetière, M. Thibaut, président des Anciens Combattants, prend la parole : « … Notre camarade Constant Maillard, le jour où la Patrie en danger fit appel à ses enfants, partit sans hésiter comme territorial. La lutte ardente et ses ravages exigèrent bientôt que fussent versés dans les unités combattantes les bons vieux papas, les « pépères , comme les appelaient familièrement les bleues. Maillard fut affecté à un corps combattant, le 315ème régiment d’infanterie. Cést ainsi qu’il prit part aux attaques de Champagne. Il fut porté comme disparu, laissant les siens pendant 4 ans et demi dans l’incertitude, mêlée d’angoisse et déspoir : Etait-il mort ? Etait-il prisonnier, sans pouvoir donner de ses nouvelles ? Voilà la douloureuse alternative qui tourmenta sa famille jusqu'au jour où la victoire, ayant refoulé lénnemi, permit d’identifier les héros obscurs provisoirement déposés sous les petites croix de bois, dans l’immense cimetière s’étendant depuis la mer jusquén Alsace. Cést que pour eux la guerre n’était pas finie avec l’armistice. Longtemps elle se prolongea. Il s durent rester 8 ans au poste où ils avaient combattu, où ils étaient tombés, sentinelles glorieuses, les derniers à quitter le champ de bataille sur lequel planait encore leur âme, témoin muet de la grande et dernière relève. Maintenant ce ne sont plus les camarades qui les regardent défiler à la porte des granges et des cantonnements, les encourageant, leur criant au revoir ; sur le passage de leurs funèbres convois, cést le recueillement, cést le salut reconnaissant de tout un peuple. Camarade Maillart, bien qu’étranger au pays, tu as ici une place dans le c¶ur de tous. Noble enfant de France, tu n’as pas marchandé ton sang pour défendre la Patrie, ton nom glorieux est inscrit en lettres d’or sur le monument des enfants de la commune morts pour la plus sainte des cause. Et nous venons pieuse nous incliner devant ta tombe. Plus que tout autre, tu as droit à notre respect et à notre gratitude, car la douleur de ceux qui te pleurent est doublement déchirante : cette nuit qu’ils viennent de veiller auprès de ta dépouille ne leur a-t-elle pas rappelé, avec celle du chef de famille aimé où, pour la dernière fois, tu as pu les embrasser, du foyer violé et ravagé par lénnemi, malgré ton généreux sacrifice. Obéissons à la voix des morts ; elle nous dicte aujourd’hui notre devoir : pensons à ceux qui furent la dernière pensée de ce vaillant, prenons notre part de l’épreuve cruelle qui les accable depuis le 25 septembre 1915. Camarade Maillard, adieu ! |
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