Le corps du canonnier Philomé BRIDOUX est inhumé provisoirement au cimetière de Dugny. Le 24 août 1922, se déroulent ses obsèques à Herlincourt. Au cimetière, Léopold Penet, ancien combattant, lui rend en ces termes un hommage relaté dans L’Abeille de la Ternoise du 24 septembre 1922 : "… Des milliers de discours ont retracé ce que fut la carrière du poilu, toutes ses souffrances morales endurées par le froid, la neige, la pluie, le vent et que seuls peuvent comprendre les combattants. Mais, à l’arrière, il existait cette autre légion de pères, mères, femmes, enfants qui devaient pleurer les pertes successives de ceux qui étaient fauchés, broyés, anéantis par des engins formidables. Toi, Philomé, tu fus un de ceux-là ; courageux dès ton jeune âge, tu le fus plus encore pour le devoir ; aussi le talent me manque pour venir exprimer ici l’émotion à tous ceux qui t’ont connu, depuis tes camarades dénfance, jusqu’à tes compagnons d’armes, ceux à qui on faisait les dernières confidences ; chacun était voué à la mort, et recherchait un confident pour lui confier ses dernières impressions qui allaient droit au pays, au c¶ur de la famille. L’un disait : "Tu emporteras ce portefeuille à ma femme et embrasseras bien mes enfants pour moi" . Un autre : "Tu diras à ma mère que ma dernière pensée a été pour elle et que je n’ai pas trop souffert" . Un autre encore : "Tu diras à mon père que j’ai bien fait mon devoir et que je n’ai pas eu peur". Aussi à tous les parents qui sont ici et qui ont des leurs tombés au champ d’honneur, je recommande de garder bien précieusement tous les souvenirs qui les rattachent à eux : la médaille militaire, la plus haute récompense attribuée à un soldat tombé pour la Patrie, tous ces objets enfin qui vous rattachent à eux, placez-les bien en évidence à la place d’honneur dans votre foyer ; transmettez avec fierté ces reliques à vos descendants, contemplez-les chaque jour et que cela vous donne le courage nécessaire pour la lutte de la vie. Relevez la tête avec fierté afin qu’on puisse lire sur votre front cette auréole de gloire à laquelle vous avez droit. Toi, Philomé, tu fus un de ces braves courageux ; tu avais le mépris du danger, tu l’as payé de ta vie, tu avais la garde de cette grande sentinelle, de cette porte de fer, tant convoitée par le Boche et qu’il n’a jamais pu franchir, même réduite, cette porte chevaleresque qui ouvrait le c¶ur de la France. Le Poilu est toujours debout pour crier bien haut : On ne passe pas !" Aussi quelle reconnaissance nést-elle pas due à ceux qui ont vécu dans cet enfer de mitraille et de sang ? Quelle fut ma surprise en voyant, avant-hier, sur ta feuille de retour que je me trouvais dans ton secteur, sans le savoir, au moment de l’armistice. Aussi, tu as dû entendre dans ta tombe ce cri de délivrance poussé par nous tous le 11 novembre à 11 h, ce cri de joie et d’allégresse qui a retenti, des Flandres aux Vosges, mais auquel il manquait la voix de ceux qui y avaient droit, de ceux qui avaient tant répété : On les aura ! et qui n’ont pas pu dire : On les a eus ! Après une longue attente te voilà revenu au milieu de tes camarades, de tous ceux qui t’ont aimé à l’ombre du clocher qui t’a baptisé, mais aussi tu as ravivé la flamme de ta pauvre vieille mère tant éprouvée déjà, mais le c¶ur d’une mère ne se tarit qu’après avoir dépassé le seuil du trépas. Tous ceux que tu as connus sont ici autour de toi, venus t’apporter la reconnaissance de ton souvenir. Aussi je tiens à remercier de sa présence cette assistance si nombreuse qui a abandonné de si impérieux travaux pour te rendre le dernier hommage qui tést dû. Je ne puis laisser terminer cette cérémonie sans vous demander de vous associer à moi pour exprimer à l’heure présente un souvenir ému et reconnaissant à tous ceux qui n’ont pu accompagner leurs camarades dans ce cimetière de famille, que votre admiration et votre recueillement s’adressent à tous en même temps. N’oubliez pas non plus dans l’avenir ces tombes et ce monument sur lesquels vous apporterez de temps à autre un modeste bouquet, une pensée et vous aurez, comme ces braves, la satisfaction du devoir accompli. Philomé Bridoux, toi qui as honoré le blason de la commune, au nom de ta famille, au nom des anciens combattants, au nom de tous, je te dis adieu ! |
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