Le lundi 28 novembre, à 9 h du matin, ont lieu en l’église d’Estrée-Wamin, les funérailles du soldat Fortuné Créton, du 60è régiment d’artillerie, tué à Arracourt, en septembre 1914, à son poste de combat. Une foule nombreuse et recueillie assiste à cette cérémonie où l’on remarque le maire et le conseil municipal, les enfants de l’école, porteurs de bouquets, de nombreux anciens combattants et amis. Après l’offrande, M. Cornet, curé de la paroisse, séfforce, dans une allocution pleine de coeur et d’à propos, de relever le courage des parents. Au cimetière, M. Vasseur, instituteur, prononce les quelques paroles que L’Abeille de la Ternoise du a reproduit : « Fortuné ! Le 25 septembre dernier, un poilu exaltait ton courage ! A cette date inoubliable, tes restes gisaient loin d’ici, près du lieu où tu accomplis tes actions d’éclat, où tu tombas face à lénnemi. Aujourd’hui, te voilà revenu parmi nous et vas enfin reposer paisiblement près de ceux dont tu entrevis l’image dès l’instant où tu fus frappé. Ah ! parents infortunés ! ah ! mère sensible et éprouvée ! vous désiriez et appréhendiez ce retour, si lent à venir ! Vous le désiriez pour rapprocher de vous celui que la maudite guerre vous a ravi ! vous vouliez que son corps déchiqueté reposât près des siens, afin de pouvoir, à intervalles dictés par le coeur, rendre au tertre béni cette visite qui ne guérit point mais tempère les rigueurs d’une cruelle séparation ! Vous appréhendiez cet événement ! une pareille scène est bien faite, en effet, pour raviver de douloureux souvenir, pour remémorer les atrocités du récent carnage, déjà oubliées par beaucoup ! Un frisson d’épouvante glace nos âmes navrées quand nous nous représentons, en idée, ce que fut le début de la lutte à laquelle participa ce brave ! demandons-lui ce qu’il a éprouvé dans la nuit, dans la rafale, dans le brouillard, sous la pluie, quand il sést senti traqué par les premiers obus et les premières bombes ! Tu étais jeune, Fortuné, ardent ; tu fus brave, tes citations, ta croix de guerre, ta médaille militaire l’attestent ; tu es mort en héros, je t’admire ! Un peu de ta gloire juvénile rayonne sur les tiens ! Tu leur lègues et aux enfants de ce pays de salutaires exemples. Ils sén imprègneront et viendront puiser près de toi les nobles sentiments qui t’animèrent : la foi en un avenir de paix véritable, le courage dans le péril, la persévérance dans léffort, la ténacité dans la défense des justes causes ! Ta tâche est faite, vaillant Créton ! grâce à ton sacrifice, à celui de tes camarades, la vie normale reprend progressivement. En attendant des jours meilleurs, dors au sein du pays qui t’a presque vu naître, près de tes parents chéris, de ta mère inconsolée, des amis qui t’ont connu et pleuré ! Dors mon brave ! au pied de ta petite colline, à l’ombre du clocher d’Estrée, dans le calme silence de la campagne où tu vécus ! Dors en paix ! d’un regard rapide et plusieurs fois par jour ta bonne mère veillera sur ta tombe avec une sollicitude attendrie. Dors ! ta mère est près de toi, son coeur bat près du tien. Elle guette et fleurit ta tombe. Au revoir, héros de vingt ans ! |
Ces pages ont été créées par Oxy-gen version 1.37u, le 14/05/2009.