La Commune Histoire


I
" Lorsque je dus, pour la guerre,
Quitter tout ce que j'aimais, -
Mes petiots et leur mère, -
Peut-être bien à jamais,
Un glaive me fendit l'âme
Et j'eus l'esprit atterré :
Faiblement, comme une femme,
J'ai pleuré.

II
Le canon est un vieux drôle
Qui chante haut ses chansons, -
Sa musique sans parole
N'y met guère de façons, -
Aussi, quand, la fois première, -
L'écho proche en fut troublé,
Comme l'herbe printanière,
    J'ai tremblé.

III
Mais, depuis que la bataille
Me fit monter à l'assaut,
Où l'on embroche, on entaille,
Où le sang coule à plein seau,
Où l'on voit tomber son frère,
Le front livide et crispé, -
Tout en maudissant la guerre,
    J'ai frappé. "

IV
Ainsi chantait à voix grave,
Le soir, au cantonnement,
Le grand Jacques, le plus brave
Des braves du régiment ;
Et sa chanson est notoire :
Simplement, ni moins, ni plus,
Elle est la commune histoire
    Des poilus.




Pour citer cet article : 

"La commune histoire, par Jules Garçon", poème paru dans Les Chansons de Jacques le Poilu (1922),  et mis en ligne le 15 mars 2009  sur le site internet "Mémorial du Ternois" (http://memorialduternois.free.fr)
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