Le gendarme du carrefour

Sur l'air de Pandore, de G. Nadaud

I
Un gendarme avait la consigne
De mettre ordre dans les convois ;
Il les arrêtait sur un signe,
Les retenait longtemps parfois,
Puis faisait un geste héroïque :
Les convois reprenaient leur pas ;
Le gendarme était magnifique
Et, conscient, ne sourcillait pas !

II
Les obus, à deux kilomètres,
Tombaient bien un peu chaque jour
Mais Pandore restait son maître,
Et maître aussi du carrefour ;
Aussi brave que pacifique,
Son bras dédaignait le trépas ;
Le gendarme était magnifique
Et, conscient, ne sourcillait pas !
       
III
Sans jamais courir plus de risques,
Sans n'être jamais moins dispos,
Le gendarme arborait six brisques
A son poste de tout repos ;
Et, continuant le trafic ,
Scintillant, se levait son bras ;
Le gendarme était magnifique,
Et, conscient, ne sourcillait pas !

IV               
Et l'on verra, dans l'après-guerre,
Quand son temps sera révolu,   
Une médaille militaire           
Sur le dolman de ce poilu ;
On dira, sans plus de critique :
" Certainement, dans les combats,
" Le gendarme était magnifique,   
" Et, sans peur, ne sourcillait pas ! "   

V
Ne croyez pas que les gendarmes
Soient les seuls à prendre à parti ;
Il est des gens d'autres armes
D'importance, au gros appétit,
Gens d'arrière peu sympathiques
Au vrai poilu des vrais combats :
Ces gens-là, fiers et magnifiques,
Ont tort s'ils ne sourcillent pas !




Pour citer cet article : 

"Le gendarme du carrefour, par Jules Garçon", poème paru dans Les Chansons de Jacques le Poilu (1922),  et mis en ligne le 15 mars 2009  sur le site internet "Mémorial du Ternois" (http://memorialduternois.free.fr)
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