Les sapins morts
I
Sous les vieux sapins morts, à la tête fauchée,
Spectres hideux des nuits aux grands gestes d'effroi,
Silencieusement se glissait la tranchée
Où se perdait mon rêve en profond désarroi.
Or, une de ces nuits bleutées,
A l'heure où la lune descend,
J'entendis des voix attristées
Dans les brises proches passant,
Par une de ces nuits bleutées,
A l'heure où la lune descend.
II
Les brises caressaient les pauvres branches gourdes
Des sapins, qui jadis avaient tant de chansons ;
Les brises appelaient ; les branches restaient sourdes :
Il n'est plus, dans la mort, pas même de frissons.
J'entendais des voix attristées
Dans les brises proches passant,
Par une de ces nuits bleutées,
A l'heure où la lune descend ;
J'entendais des voix attristées
Dans les brises proches passant.
III
Comme les mères vont toujours inconsolées
Aux tombes des aimés chercher la paix d'antan,
Les brises, dans la nuit, aux terres désolées,
Vont pleurer les sapins qu'elles bercèrent tant.
Par une de ces nuits bleutées,
A l'heure où la lune descend,
Je compris les voix attristées
Dans les brises proches passant,
Par une de ces nuits bleutées,
A l'heure où la lune descend...
Pour citer cet article :
"Les sapins morts, par Jules Garçon", poème paru dans Les Chansons de Jacques le Poilu (1922), et mis en ligne le 15 mars 2009 sur le site
internet "Mémorial du Ternois" (http://memorialduternois.free.fr)
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